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impossible à continuer de leur part. La gouvernante des Pays-Bas, Marguerite d’Autriche, déclara que toutes ses ressources étaient épuisées, qu’elle n’avait plus d’argent, qu’elle ne pouvait pas solder plus longtemps les troupes flamandes commandées par le comte de Buren. Si les Anglais voulaient conserver ce corps auxiliaire, elle offrait de le leur laisser, pourvu qu’ils le payassent[1]. Ce n’était pas l’intention de Henri VIII, dont les dépenses avaient été très considérables sans être bien fructueuses. Il avait eu à entretenir plusieurs armées, et celle qui avait envahi la France, et celle qui, après avoir défendu les frontières de l’Angleterre contre les attaques du duc d’Albany, avait pénétré en Écosse, qu’elle avait ravagée, et celle qui gardait le canal de la Manche. Il se plaignit vivement du départ trop prompt des lansquenets, qui s’étaient éloignés sans avoir rien fait; des lenteurs du duc de Bourbon, qui n’avait su ni soulever ses états, ni rejoindre à temps la troupe levée pour lui; de l’abandon où la gouvernante des Pays-Bas laissait les Anglais en Picardie, s’il ne prenait pas à sa solde le corps auxiliaire qui devait être défrayé par l’empereur ; de la discontinuation d’une guerre qu’on s’était engagé à poursuivre durant l’hiver. Il trouva que c’était le charger de tout le fardeau de l’entreprise, dont les avantages étaient certains pour l’empereur et fort éventuels pour lui. Il refusa de garder à ce prix les troupes flamandes, qui faute de paiement se replièrent sur Valenciennes. L’armée anglaise à son tour fut obligée de repasser la Somme. N’ayant plus de cavalerie, réduite chaque jour en, nombre par le mauvais temps et les maladies, elle abandonna Montdidier, Roye, Bray, qu’elle pilla, et le duc de Suffolk la reconduisit à Calais, où elle rentra vers la fin de novembre[2].

Les plans des confédérés, qui n’avaient réussi ni au centre du royaume par un soulèvement, ni au nord par une invasion, n’eurent pas une meilleure issue au midi, par l’irruption qu’y fit Charles-Quint. Avec vingt-cinq mille fantassins, trois mille hommes d’armes et trois mille chevau-légers, l’empereur devait franchir les Pyrénées en même temps que l’armée de Henri VIII passerait La Manche; mais il avait annoncé plus qu’il ne pouvait accomplir. Outre une certaine lenteur naturelle, qui du caractère s’étendait à la conduite, et qui, dans ce qu’il faisait, le mettait constamment en retard sur ce qu’il voulait, il était retenu par la pénurie de ses moyens. Ses forces se trouvaient toujours disproportionnées à ses desseins.

  1. Ibid. Dépêches da 19 novembre et du 9 décembre.
  2. Dépêches des 9 et 19 novembre et du 9 décembre. Ibid. — Lettre de Wolsey à Sampson et à Jernigam du 4 décembre. State Papers, t. VI, p. 201 à 206.