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droit actuel étant nominal. Pour les laines, la question prend plus d’importance en apparence, elle n’en a aucune en réalité. On avait essayé dans d’autres temps de protéger les laines françaises par un droit de 30 pour 100 sur les laines étrangères; ce droit a été successivement réduit de manière à n’être plus en réalité que de 6 ou 7 pour 100. Sur une introduction totale de 400,000 quintaux métriques de laines, valant au moins 120 millions de francs, les droits perçus se sont élevés à 7,600,000 francs en 1859. Il importe fort peu aux laines indigènes, comme à la fabrication des lainages, qu’un pareil droit soit maintenu ou non. Le trésor lui-même y a fort peu d’intérêt, en ce sens que, la plus grande partie des droits perçus étant restituée au moyen de la combinaison justement suspecte du drawback, l’émolument réel du trésor se réduit à un ou deux millions au plus. La suppression du droit aura cet avantage qu’elle nous débarrassera du drawback. Voilà tout. Le prix des laines indigènes n’en sera pas diminué d’un centime, et le consommateur n’y gagnera rien.

Pour les cotons, le droit est plus élevé. Sur une importation totale de 816,000 quintaux métriques de coton brut, valant ensemble 150 millions au moins, il a été perçu en 1859 pour 19 millions de droits, soit 12 pour 100 environ. La valeur du coton brut entrant pour un tiers dans la valeur moyenne des cotonnades, la diminution possible sur le prix de ces tissus, par la suppression complète du droit, serait de 4 pour 100. Ce qui coûte aujourd’hui 100 francs n’en coûterait donc que 96, à la condition toutefois que le consommateur profite de toute la réduction, et il est probable que le producteur américain, le marchand en gros, l’armateur, le fabricant, le marchand au détail, chercheront à en prendre leur part. L’importation du coton a fait déjà d’immenses progrès depuis quarante ans : de 12 millions de kilos en 1816, elle s’est élevée à 82 millions de kilos en 1859; elle ne peut guère aller plus vite. Le coton étant d’ailleurs un produit exotique qui n’a, pas en France de similaire, la question de protection est ici hors de cause, et la suppression du droit n’a jamais trouvé de contradicteurs que parmi ceux que préoccupe l’équilibre du budget.

Pour les bois et les minerais, il n’y a rien à faire, les uns et les autres entrant déjà en franchise de droits, ou à peu près. On peut au contraire réclamer, comme conséquence du principe, l’abolition de la prohibition de sortie qui frappe nos bois et nos écorces. Restent les houilles.

Il est entré 50 millions de quintaux métriques de houilles en 1859, et les droits perçus se sont élevés à 10 millions de fr., soit 20 centimes en moyenne par quintal métrique. Là aussi, les anciens droits