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couvée ! M. Berlioz a un peu plus d’imagination et, en sa qualité de Français, plus de clarté que le compositeur allemand ; mais M. Wagner, qui a pris à M. Berlioz beaucoup de détails d’instrumentation, est un bien autre musicien que l’auteur de la Symphonie fantastique et de l’Enfance du Christ. Quoi qu’il en soit, disait à côté de moi un poète platonicien, les œuvres de ces deux émules d’insubordination au sens de la beauté mériteraient d’être cousues dans un sac et jetées à la mer pour apaiser la colère des dieux. — Félicitons-nous donc que la tentative de M. Wagner n’ait pas véritablement réussi. Déjà M. Liszt, qui écoutait aux portes, allait accourir avec ses Ideals, ou symphonies mystiques, qu’il tient en réserve pour la postérité, et Paris eût été envahi par cette bande d’iconoclastes que l’Allemagne nourrit dans son sein. Miserere nobis, Domine !


P. S. Le quatrième concert que nous avions espéré de M. Wagner n’a pas eu lieu ; l’auteur du Tannhauser et du Lohengrin l’a remplacé par une lettre qu’il a adressée à M. Berlioz, et que le Journal des Débats a insérée dans son numéro du 22 février. Dans cette lettre, qui n’est pas plus clairement écrite que ses livres allemands, M. Wagner se défend d’avoir employé le mot de musique de l’avenir, qu’il attribue à un critique intelligent, M. Bischoff, qui rédige à Cologne un journal de musique. Si M. Wagner n’a pas créé le mot dont il se plaint, il a exprimé l’idée dans plusieurs passages de ses écrits, et le titre de musicien de l’avenir lui reste acquis comme une qualification indélébile.


P. Scudo.