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à la guerre sainte les tribus kabyles et de menacer notre camp du Fondouck. Le maréchal, instruit de ces menées, résolut de marcher à lui et de l’attaquer dans les positions qu’il venait de prendre. En conséquence, une petite colonne fut organisée ; elle se composait d’infanterie, de batteries d’obusiers de montagne, et du 2e régiment de marche (cavalerie de France), auquel j’avais l’honneur d’appartenir. Cette colonne était placée sous les ordres du général de division Schramm ; mais le vieux maréchal ne devait pas tarder à la rejoindre. M. le duc d’Orléans, arrivé en Afrique pour prendre part avec M. le duc d’Aumale aux travaux de l’armée, s’était rendu à Bouffarik pour réunir la première division, qui devait seconder un grand mouvement accompli sur Médéah.

Pendant que le prince procédait à l’organisation de son corps, nous nous dirigions vers le Fondouck. La colonne partit le 17 avril 1840, et le maréchal Valée, escorté d’infanterie et de chasseurs d’Afrique, arriva le 19 au bivouac et prit le commandement des troupes. La cavalerie de France avait maintenant deux généraux, le vicomte de Dampierre et le général Blanquefort, arrivé comme inspecteur-général de cavalerie. Ce fut ce dernier qui nous commanda dans cette petite expédition. L’émir, campé à l’Oued-Had, du côté opposé à la rive que nous occupions, se présenta à nous de front. Abd-el-Kader se montrait même en personne à deux portées de canon de la rivière. L’infanterie la passa, chassa l’émir de toutes ses positions. On retint la cavalerie inactive. Le lendemain, même manœuvre, même engagement, même succès de l’infanterie dans la vallée de l’Oued-Zeïtoun, dont les Arabes cherchèrent à nous disputer l’entrée ; même inaction de la cavalerie. Le coup de main exécuté, la colonne rentrait à Alger.

La cavalerie française avait appris qu’une autre expédition se préparait : elle se consola en pensant qu’elle allait bientôt combattre sous les yeux de deux jeunes princes chers à l’armée ; elle attendait son heure, et cette heure si désirée semblait enfin venue. La grande expédition de Médéah allait partir, les deux régimens de marche en devaient faire partie. À peine rentrés du Fondouck, nous fûmes dirigés sur Blidah, où se concentrait toute l’armée. À la fin d’avril, le corps expéditionnaire destiné à pénétrer dans la province de Titterie et à occuper Médéah était réuni au camp de Blidah ; il était fort d’environ neuf mille hommes de troupes de toutes armes, et les huit cents chevaux de la cavalerie de France entraient dans sa composition. L’émir Abd-el-Kader se préparait à nous faire une vigoureuse résistance ; tous les cavaliers de la plaine du Chéliff avaient été convoqués à la guerre sainte, et toute son infanterie régulière devait nous disputer le passage. Les forces de l’émir se montaient à 10