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deux époux le duché de Milan pour dot. Il affirmait qu’il tiendrait les engagements pris avec l’empereur[1].

Au fond, Clément VII ne voulait se joindre à aucun des deux adversaires : il désirait mettre un terme à la guerre, et il s’établit bientôt en médiateur pacifique entre les belligérans. Il fit partir de Rome, pour se rendre d’abord en France, puis en Espagne et en Angleterre, Nicolas Schomberg, archevêque de Capoue, avec la mission d’y négocier une trêve qui serait un acheminement à la paix. L’archevêque de Capoue et le dataire Giovan-Matteo Giberto se partageaient la confiance du pape, qui se servit tour à tour de l’un et de l’autre suivant qu’il voulait concilier à ses desseins l’empereur, du côté duquel le premier penchait davantage, ou le roi de France, auquel le second était plus favorable. Nicolas Schomberg arriva à Blois le 27 mars. Il resta dix jours à la cour de François Ier, et lui proposa une trêve d’une année. Pendant la durée de la trêve, chacun devait garder ce qu’il possédait en Italie[2]. Celui qui sortirait de ses limites, qui occuperait sur l’autre un territoire fortifié et ne le restituerait pas sans délai, serait l’infracteur de la trêve, et le pape se déclarerait contre lui avec les Florentins et les autres états d’Italie qu’il pourrait rallier. On devait évacuer l’état de Milan après la trêve, dans laquelle seraient compris les adhérens et confédérés des princes qui l’auraient conclue ; elle se prolongerait au-delà d’un an, si elle n’était point dénoncée trois mois avant l’expiration. On lèverait l’argent pour la défense de la Hongrie dès l’admission de cette trêve, dont le pape serait le protecteur et le conservateur[3].

Tout temporaire qu’il était, l’arrangement proposé au nom du pape avait rencontré des objections des deux côtés. François Ier en acceptait à peu près tous les articles, mais il n’avait pas voulu admettre celui qui permettait de comprendre le duc de Bourbon dans la trêve. Charles-Quint à son tour en rejetait d’autres. Il exigeait que le terme de la trêve fût irrévocablement fixé à la fin d’avril 1525, et qu’on supprimât les expressions d’après lesquelles elle semblait devoir être perpétuelle ; que des réserves fussent faites en faveur du roi d’Angleterre, surtout en ce qui touchait la question de l’indemnité ; qu’on révisât l’article qui obligeait à l’évacuation du duché de Milan, de peur qu’à l’expiration de la trêve, les Espagnols ayant quitté les positions qu’ils y occupaient et s’en étant éloignés, les Français, qui étaient dans le voisinage, n’eussent le temps d’envahir

  1. Lettre de Charles-Quint au duc de Sessa, écrite de Burgos le 16 mars 1524. — Correspondance de Charles-Quint avec Adrien VI et le duc de Sessa, p. 201, 202.
  2. « Ut quisque de presenti possidet, ita interim possideat » — Lettre du 22 avril, dans les Mss. Brequigny, v. 90, f. 114.
  3. Papiers de Simancas, Leg.