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Il revint alors aux anciens projets d’invasion du royaume de France, dont il revendiqua formellement la possession.

Non-seulement les deux souverains alliés rejetèrent toutes les propositions de paix ou de trêve avec François Ier, mais ils conclurent le 25 mai un nouveau traité[1] contre lui. Il fut convenu par ce traité que le duc de Bourbon franchirait les Alpes à la tête de l’armée victorieuse, dont l’empereur et le roi d’Angleterre fourniraient la solde, que le roi d’Angleterre conduirait ou enverrait en Picardie des troupes auxquelles se joindraient trois mille chevaux et mille hommes de pied des Pays-Bas, que l’empereur de son côté pénétrerait en France par le Roussillon[2]. En même temps le premier secrétaire d’état de Henri VIII, sir Richard Pace, que son habileté, éprouvée en plusieurs rencontres, avait fait envoyer récemment encore à Venise, lorsqu’il fallait détacher cette république de l’alliance française, reçut l’ordre de se rendre auprès du duc de Bourbon. Il était chargé d’une mission au succès de laquelle Henri VIII subordonnait sa coopération à l’attaque contre François Ier. Ce que le duc de Bourbon avait refusé à Montbrison et près de La Palisse, en traitant avec Beaurain et avec sir John Russell, devait lui être cette fois demandé péremptoirement[3]. Henri VIII exigeait qu’il le reconnût pour roi, et qu’il s’engageât à lui procurer la couronne de France, dont il s’agissait de déposséder François Ier.

Richard Pace arriva le 16 juin à l’armée impériale, qui était encore à Montecalieri, près de Turin[4]. Il pressa Bourbon de jurer fidélité au roi d’Angleterre et de lui prêter hommage comme roi de France. Bourbon hésitait toujours[5]. Il objectait la crainte, s’il prêtait un pareil serment, qu’on ne le sût bientôt, que le pape Clément VII, en l’apprenant, ne se détachât de l’empereur ainsi que du roi d’Angleterre et ne se déclarât contre eux, que plusieurs de ses amis de France, et particulièrement ceux qui le supposaient enclin à se faire roi, n’en fussent indisposés, et n’interrompissent les pratiques qu’ils entretenaient avec lui. Il demandait donc que ce

  1. Voyez les Mss. de Brequigny, vol. 90, f. 153 à 159.
  2. Ibid. Le maintien du traité de Windsor y était stipulé.
  3. L’un des articles du traité spécifiait que le duc serait abandonné, s’il ne prêtait pas serment deux jours après en avoir été requis. — State Papers, vol. VI, p. 291.
  4. A la date du 16 juin, il écrivait à Henri VIII, de concert avec Lannoy et Beaurain, pour lui annoncer que l’empereur avait envoyé 200,000 ducats, et qu’il en attendait 100,000 de lui. Il ajoutait : « Avons jà équipé nostre armée à l’avenant de nos finances. » Enfin il achevait en disant : « Depuis ces lettres escriptes est arrivé monsr vostre ambassadeur maistre Ricbart, par lequel avons entendu le bon vouloir qu’avez envers nous et de nous ayder en l’affaire de pardeçà de quoy, sire, vous mercyons très humblement. » — Mus. Brit. Vitellius, B. VI, f. 89.
  5. Richard Pace à Wolsey, du 10 juin. Mus. Brit. Vitellius, B. VI.