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NOUVELLE THÉORIE

D’HISTOIRE NATURELLE



L’ORIGINE DES ESPÈCES.



On the Origin of Species, by Charles Darwin ; London, John Murray, 1859.



Les êtres si nombreux qui jouent un rôle, important ou modeste, sur le théâtre animé de notre planète, présentent des rapports en même temps que des contrastes infinis : ils habitent l’air, l’eau, la terre ferme, diffèrent par la grandeur, la couleur, les détails de l’organisation, le nombre et la délicatesse des sens, la durée de l’existence ; ils sont mobiles ou fixes, forts ou faibles, indépendans ou parasites. On peut s’étonner à bon droit qu’avec le petit nombre d’élémens simples qu’elle met en œuvre, la nature puisse donner naissance à tant de formes et faire circuler le principe de la vie dans des organismes si variés. Le naturaliste qui veut connaître tous ces types si divers les range suivant un ordre hiérarchique ; il les classe et les décrit successivement. Ainsi Homère, quand il fait défiler devant nous l’armée grecque, raconte l’histoire de tous les chefs. Les classifications sont indispensables pour l’étude ; les catégories qui s’y échelonnent sont l’expression à la fois des ressemblances et des dissemblances, des affinités et des répulsions naturelles. Sans ce laborieux travail d’analyse, le tableau du monde ne serait guère plus instructif qu’une de ces charmantes toiles où Breughel nous représente la multitude confuse des animaux qui faisaient