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économies sérieuses dans le budget de la guerre. On ne peut non plus considérer comme possible la diminution annoncée récemment d’une somme de 106 millions de florins sur l’ensemble des dépenses. Supprimer 265 millions de francs sur un total de 780, ce serait non pas opérer une réduction, mais désorganiser les services publics. Le résultat des travaux de la commission de la dette, qui, comme on l’a vu, s’est bornée à proposer l’annulation des rentes appartenant à l’amortissement et la remise à la banque de titres plus ou moins en faveur auprès du public ne constitue pas davantage une amélioration véritable. On n’entrevoit donc jusqu’ici dans aucune des mesures prises par le gouvernement autrichien celle qui doit préserver son crédit, sinon d’une ruine imminente, au moins d’une crise prochaine.


III. — REFORMES PRATICABLES.

On vient de prononcer le mot de ruine. La situation en Autriche est-elle donc si grave que, dans un délai plus ou moins court, un dénoûment fatal doive irrésistiblement se produire ? Quelles seraient au contraire les transformations à subir et la conduite à tenir pour calmer les esprits et rétablir l’ordre dans les finances ? Après avoir décrit le mal, on doit chercher le remède en reprenant sommairement chacun des points successivement étudiés.

Dès que sont signés les préliminaires de Villafranca, le gouvernement manifeste l’intention de réformer le régime intérieur de l’administration ; il consulte dans chacune des grandes divisions territoriales des hommes investis de sa confiance. On a vu le résultat de cette enquête ; elle est à peine terminée, que le gouvernement semble retomber dans son indécision ordinaire, et il ne manifeste plus son activité que par des promesses ou des mesures de détail. La loi sur l’organisation industrielle constitue cependant une amélioration sérieuse, et mérite d’être mentionnée. Jusqu’ici, le système des corporations et privilèges était resté en vigueur en Autriche : la loi du 27 décembre 1859, sans être très libérale, puisqu’elle classe encore parmi les professions concessionnées des industries telles que celles des maçons, charpentiers, fumistes, marchands d’habits, etc., n’en a pas moins été considérée comme un bienfait, par cela seul qu’elle détruit l’ancien système des corporations. Il est douteux néanmoins que de semblables réformes suffisent pour calmer des agitations aussi graves que celles dont la Hongrie et les pays annexés sont le théâtre.

Sur les douze mille lieues carrées dont se compose l’empire d’Autriche, ces pays en renferment plus de six mille, les plus heureusement