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en ce que ce ne sont plus, comme autrefois, des entreprises portant le nom d’un individu qui, moyennant une somme annuelle payée par chacun des membres, s’engageait à faire face aux dépensés de l’établissement, et profitait à lui seul des bénéfices. Aujourd’hui les clubmen ne sont plus du tout des abonnés, ce sont les co-propriétaires de leur club. Moyennant une somme d’environ 20 guinées à son entrée et de 10 guinées par an, chaque membre admis par le scrutin peut aller où il veut, faire ce qu’il veut dans la maison, lire, écrire, dîner seul ou en tête-à-tête, se mêler à la conversation ou se retirer dans un coin avec le journal à la main ou le numéro de la dernière revue. Au club, il est chez lui : douze-centième partie du maître de la maison, il commande à un peuple de domestiques, depuis le footman en habit de peluche, en culotte de velours et en bas de soie, jusqu’au petit page aux boutons d’or qu’envierait une duchesse. Il a son cuisinier, sa table, son couvert, son fauteuil au coin du feu, où il peut se bercer dans la fiction de la richesse, et encore cette fiction est-elle une réalité, puisqu’il exerce un droit sur tout ce que possède ce palais des Mille et Une Nuits. Le club se gouverne lui-même en vertu d’un comité choisi parmi les membres, et qui s’élève le plus souvent à trente ou quarante personnes. De trois à huit d’entre elles forment la tête de ce pouvoir électif et se réunissent une fois toutes les semaines pour régler les affaires de finance, pour traiter avec les approvisionneurs, pour recevoir ou renvoyer les domestiques, et pour faire droit, s’il y a lieu, aux plaintes formées par quelques membres du club. Ce comité général prépare en outre des rapports annuels qui sont imprimés et distribués à tous les membres de l’association. Comme un seul conseil ne pourrait étendre sa surveillance sur toutes les branches de l’économie domestique, il est aidé par des sous-comités qui ont un caractère spécial, et qu’on appelle alors house committees. Il y a le comité du vin (wine committee), qui se compose de connaisseurs dans cet article ; la cave et le service des bouteilles rentrent dans ses attributions ; il y a aussi le book committee, qui administre le département de la bibliothèque[1]. Dans les clubs où il se trouve des salles de billards, on choisit parmi les amateurs un billiard committee. À tous ces comités est attaché un secrétaire qui est aussi chargé de la correspondance officielle du club. Voilà pour la direction ; le reste est confié aux soins de l’économe (house steward), qui a sous ses ordres les garçons et les autres domestiques. Les rapports entre cette constitution des club houses et celle du gouvernement représentatif en Angleterre sont faciles à saisir.

Au point de vue économique, l’organisation de ces modernes établissemens

  1. Il a sous ses ordres au moins un bibliothécaire.