enfin, où l’alcool de la canne à sucre s’allie aux extraits de fleurs et de fruits, de légumes et de racines de toute sorte dont l’île est dotée avec profusion. À la production sucrière se rattache encore la fabrication des sacs de vacao destinés à l’emballage. L’arbre ainsi nommé, d’un aspect fort curieux, représente une colonne qui porterait autour de son fût un double enroulement de lames aiguës, droites, aiguisées en pointes. Lorsque se dressent, aux flancs du tronc principal, des rejetons armés eux-mêmes de dards semblables, on dirait un fantôme portant à la tête et aux mains une forêt rayonnante de pointes homicides. De l’écorce descendent des faisceaux d’appendices unis et droits qui s’enfoncent dans la terre comme, autant de cordes destinées à soutenir un tronc que le vent ébranle et que la tempête menace. Tandis que nos arbres poussent leurs branches vers le ciel, les nouvelles générations du vacoa rentrent dans le sol et s’y implantent. C’est avec ses feuilles, déchirées en lanières très résistantes, que se font les sacs d’emballage et en outre beaucoup d’ouvrages de sparterie, ressources de la population pauvre, et en quelque sorte sa monnaie courante, tant en est facile le placement ; on en exporte même pour Maurice. On n’évalue pas à moins de 2 millions de francs la valeur annuelle des sacs de vacoa.
Après la canne à sucre et ses nombreuses dépendances industrielles, tout le reste est secondaire : dans les denrées d’exportation, il n’y a plus guère à compter que le café, la vanille, le girofle. Le cacaoyer s’en va ; le cotonnier, qui comptait autrefois parmi les richesses de l’île et passait pour supérieur à tous ses rivaux, sauf celui des Seychelles, a presque entièrement disparu, et la distribution officielle des graines de longue soie ne semble pas devoir le faire revivre ; pour les besoins domestiques, on le remplace par le duvet de l’ouatier, dont la croissance est rapide, et la multiplication facile. Le mûrier est l’objet de quelques essais d’un succès douteux encore, non pour la végétation de l’arbre, qui acquiert une vigueur luxuriante au milieu des laves qui se décomposent, mais pour l’éducation des vers à soie, difficile à conduire sous une température qui pousse toujours à l’éclosion des œufs.
Le cafier fut jadis ce qu’est aujourd’hui la canne : la principale fortune de la colonie. Un pied unique venu de l’Yémen en 1717, le seul qui résista à la transplantation, fructifia si abondamment que vers la fin du siècle on comptait plus de huit millions de pieds issus de ses graines. La culture du café avait transformé Bourbon en un immense verger, plein de fraîcheur et de charme. La fève, renommée pour son arôme dans le monde commercial, connut l’apogée de sa prospérité dans la période quinquennale de 1821 à 1820, où. l’exportation annuelle atteignit une moyenne de 2 millions de kilogrammes. Une graduelle décadence a réduit ce chiffre à 135,000 kilogrammes