dans la famille française des braves populations de la Savoie et du comté de Nice. Pour apprécier justement ce que nous gagnons en rattachant la Savoie à notre patrie, il n’est peut-être pas inutile de voir comment des Piémontais éminens estiment la perte qu’ils font. Nous empruntons à une lettre particulière émanée de l’un des hommes qui ont servi le Piémont avec le plus de courage et de gloire depuis 1848 les lignes suivantes : « Comme militaire, je ne vous cache pas que la perte de la Savoie est pour nous très fâcheuse, car non-seulement nous perdons notre ligne de défense et notre indépendance de ce côté, mais nous faisons la perte immense et douloureuse de plus de douze mille bons soldats sur lesquels nous pouvions toujours compter. L’échange que nous opérons sous ce rapport, avec les Toscans notamment, est fort mauvais, car il nous faudra bien des années pour faire des soldats des habitans des rives de l’Arno. Nos regrets sont unanimes. Nous faisons en faveur de la France un sacrifice que peut-être l’on n’apprécie pas assez chez vous. Je vous dis franchement que, si la question eût été posée aux chambres de Turin avant le traité, la cession aurait été repoussée à une très grande majorité, quelles que pussent être les conséquences du vote ; mais le parlement n’ayant été consulté que la chose faite, il n’y avait plus qu’à baisser la tête et à dire : Amen. » Ces nobles regrets disent mieux que nous ne l’aurions pu le prix de la province que la France acquiert en ce jour. e. forcade.
Il semblait désormais hors de doute, sur l’autorité des plus savans investigateurs et des plus graves historiens de ce siècle, que la royauté française n’avait pas été inutile, ni surtout contraire, à l’émancipation et au développement politique de la bourgeoisie et du peuple. Le rôle de cette royauté paraissait assez bien déterminé à cet égard : non que les rois capétiens eussent, d’après un plan arrêté, agi toujours et sciemment dans ce sens ; mais parce qu’ils s’étaient trouvés dès l’origine, par leur situation et par leurs besoins, tellement posés en face de la caste féodale qu’il en était résulté un