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I.

L’air dont le globe est environné de toutes parts pèse sur le sol et sur tout ce qui y croît et vit ; les couches accumulées de l’air constituent comme un ensemble de sphères concentriques dont la terre forme le noyau. Plus nous nous élevons, plus l’air devient léger et rare, puisqu’il a moins de couches supérieures au-dessus de lui, et la limite qui est assignée à nos ascensions est celle même au-delà de laquelle on ne trouve plus suffisamment d’air pour respirer. Le baromètre permet d’apprécier le poids de l’atmosphère, mesuré par l’élévation de la colonne de mercure. À chaque étage que l’on franchit, on a une couche d’air de moins à supporter ; mais les indications barométriques ne changent pas seulement à mesure qu’on s’élève, elles subissent en un même lieu de nombreuses variations par suite de modifications accidentelles dans la constitution, la force élastique et la densité de l’air. Ces changemens se lient à tout l’ensemble des actions calorifiques et mécaniques qui se passent dans l’atmosphère. Il y a des variations générales, il y en a de particulières. Il existe pour chaque saison, pour chaque mois, pour chaque jour, des maxima et des minima qui reparaissent avec assez de régularité, et de la comparaison desquels on tire des moyennes propres à résumer l’état atmosphérique d’un jour, d’un mois ou d’une année.

Quand on observe le baromètre sous les tropiques, on reconnaît qu’il monte et descend périodiquement, deux fois en vingt-quatre heures. Ces variations n’excèdent guère du reste 2 ou 3 millimètres sur l’échelle qui les mesure. Plus on s’avance vers les pôles, plus elles s’affaiblissent, dissimulées par des perturbations accidentelles, et ce n’est qu’en prenant des moyennes de quinze jours, ou même d’un mois, qu’on peut en retrouver la trace. Enfin elles deviennent presque inappréciables au-delà du 70e degré de latitude et sont nulles au pôle.

L’atmosphère a donc, comme l’océan, des agitations périodiques, des élévations et des abaissemens, de véritables marées, ainsi que le remarque judicieusement un observateur italien, M. P. Lioy. Le matin et le soir se manifestent dans les indications barométriques un maximum et un minimum dont le moment précis varie suivant les lieux et les saisons. Entre l’équateur et le 60e degré de latitude nord, le baromètre baisse de midi à trois ou cinq heures, et atteint un premier minimum ; il remonte ensuite, et accuse un premier maximum entre neuf et onze heures du soir. Il reprend alors sa course descendante, et son second minimum tombe vers quatre heures du matin,