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ténuer, souvent même disparaître, et les lignes isothermes tendent de plus en plus à se confondre avec les parallèles. Non-seulement cette première uniformité se manifeste, mais la répartition de la chaleur pendant le cours de l’année devient plus égale. Pour des mois consécutifs, entre lesquels on saisit, quand on observe le thermomètre dans les régions basses, des différences de température moyenne assez prononcées, ces différences s’atténuent notablement, si l’observation se fait sur de hautes cimes. C’est ce qu’on remarque par exemple en comparant janvier et février, ou juillet et août.

Si les différences d’un mois à l’autre deviennent moins fortes, par contre la décroissance de la température, à mesure qu’on s’élève, s’opère plus rapidement. Cette décroissance ne suit pas une progression régulière, ainsi qu’on l’avait d’abord supposé ; elle varie en outre selon la latitude, la saison et l’heure du jour ; elle est plus forte en été qu’en hiver, plus sensible l’après-midi que le matin. Si l’on prend l’ensemble de tous les degrés de l’échelle des altitudes, on trouve sans doute que l’abaissement d’un degré du thermomètre correspond en moyenne à une élévation de 166 mètres ; mais ne considère-t-on les altitudes qu’à partir de 2 000 ou 2 300 mètres, le même abaissement du thermomètre ne représente plus qu’une élévation de 156 mètres, c’est-à-dire qu’en général, au-delà de la limite de la végétation, la température décroît en hauteur beaucoup plus vite. On atteint de la sorte des régions prodigieusement froides où les variations ne s’opèrent plus qu’entre des extrêmes assez rapprochés. Sur les cimes des Alpes les plus élevées, on a trouvé, pour la moyenne d’une année, de 13 à 15 degrés au-dessous de zéro. Ces régions, les plus hautes de la Suisse, correspondent donc au 70e parallèle de latitude ; mais, placées plus à l’abri des influences du sol, elles offrent des irrégularités encore moins prononcées que les contrées subarctiques. La température minimum de leur hiver est notablement supérieure à celle d’un grand nombre de points de la zone glaciale, et la température maximum de leur été est plus basse que celle de la majeure partie des localités placées à de hautes latitudes. De même les extrêmes de chaque jour se rapprochent ; le maximum absolu de chaleur des plus hautes montagnes des Alpes dépasse à peine 5 ou 6 degrés centigrades. Tels sont les résultats obtenus par MM. Hermann et Adolphe Schlagintweit, ces hardis explorateurs des hautes régions du globe, qui sont allés continuer aux sommets de l’Himalaya les recherches commencées en 1847 dans la Suisse, et dont l’un a récemment péri victime de son dévouement à la science. Variations du baromètre et du thermomètre rappellent donc sur les hauteurs les plus escarpées des Alpes ce qui se passe dans les parties les plus froides de la zone glaciale, sans qu’il faille toutefois con-