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au mois de novembre 1859 le général Marquez enlevait, pour payer son armée, une somme de 600,000 piastres à un convoi d’argent qui passait par Guadalajara : ce qu’il faut ajouter, c’est que Miramon, en apprenant ce fait, fut saisi de la plus vive indignation ; il ordonna immédiatement la restitution de l’argent détourné, et ôta au général Marquez le commandement de l’armée du nord.

Telle est l’histoire du Mexique, de ses révolutions, de ses guerres civiles, de son anarchie, pourrait-on dire. La situation respective des deux partis ne peut être mieux caractérisée que par un des épisodes les plus récens de cette histoire. Ce qui était facile à prévoir, en considérant les relations nouvelles nouées entre les États-Unis et le gouvernement dit constitutionnel de la Vera-Cruz, s’est réalisé. Les Américains du Nord n’avaient pu songer à reconnaître le gouvernement de Juarez sans compensation, sans espoir d’en tirer avantage, et Juarez, à son tour, ne pouvait manquer de chercher à s’assurer à tout prix l’appui des États-Unis. De là une négociation qui commençait aussitôt après l’arrivée de M. Mac-Lane, et qui s’est terminée par un traité conçu d’après les données que M. Forsyth avait inutilement proposées à Mexico. Le traité est par le fait une cession déguisée d’une partie du territoire mexicain et une sorte de haut protectorat institué au profit des États-Unis. M. Juarez pensait sans doute trouver une force dans l’appui qu’il achetait des Américains du Nord ; mais il comptait sans l’impopularité qui devait l’assaillir à la première divulgation du traité Mac-Lane, même parmi beaucoup de ses partisans, et ce qu’il considérait comme une force, comme un gage de succès, est devenu une cause de discrédit et d’affaiblissement. Les États-Unis eux-mêmes semblent hésiter à soutenir jusqu’au bout l’œuvre de leur plénipotentiaire, voyant M. Juarez compromis et menacé plus que jamais. En effet, tandis que M. Juarez signait son traité avec l’Union américaine, Miramon se remettait en campagne, réunissait de nouvelles forces pour reprendre des opérations plus sérieuses et plus décisives contre la Vera-Cruz. Il y a peu de temps, les États-Unis, pour venir en aide à Juarez, ont mis la main sans façon sur deux navires à vapeur destinés à seconder les opérations de Miramon, ce qui a singulièrement dérangé celui-ci, sans le décourager toutefois. Les deux partis sont donc toujours en présence, et la question se précise, si ce mot peut avoir une apparence de vérité au sein d’une telle anarchie.

Les républiques centro-américaines offrent-elles un spectacle très différent ? Depuis que l’Amérique centrale a été délivrée des flibustiers qui l’ont un moment ravagée et qui la menacent toujours sans avoir réussi jusqu’à présent à donner une forme sensible à leurs plans perpétuels d’invasion, le pays n’a point cessé d’être le théâtre