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à peu rapprochées, si bien que vers le 20 octobre 1859, quelques jours après l’ouverture de la médiation, elles se trouvaient en présence. Celle de Buenos-Ayres était sous les ordres du général Bartolomé Mitre, celle de la confédération était commandée par le général Urquiza lui-même. Il était difficile de ne point se heurter. Les deux armées se rencontrèrent en effet le 23 octobre à Cepeda, et l’avantage resta au général Urquiza ; la cavalerie de l’armée opposée avait pris la fuite dès le commencement du combat. Le général Mitre eut beau se représenter dans ses rapports comme victorieux à l’aide de son infanterie et comme étant resté maître du champ de bataille : il n’est pas moins certain qu’il fut obligé de battre en retraite dans le plus grand désordre, et qu’il fit une marche forcée de quinze heures pour aller se mettre à l’abri de toute poursuite à San-Nicolas, ce qui était une singulière façon d’être victorieux. L’affaire de Cepeda devait donner fort à réfléchir à Buenos-Ayres. La route de la capitale était ouverte devant Urquiza, qui s’avançait et qui avait d’ailleurs des intelligences dans toute la province. Il n’en fallut pas davantage pour relever l’autorité de la médiation du général Solano Lopez.

Cette fois en effet les négociations se renouèrent et ne pouvaient qu’être plus sérieuses. Un point fut désigné en dehors des défenses de Buenos-Ayres pour la réunion des conférences de paix ; mais en peu de jours tout avait changé. Il n’y avait plus désormais à exiger l’éloignement du général Urquiza, c’était M. Alsina qui était obligé de se résigner au sacrifice patriotique qu’il voulait naguère imposer au chef de la confédération ; à un certain moment, la négociation fut même sur le point de se rompre, s’il ne quittait pas le pouvoir. M. Alsina et ses ministres furent alors invités par l’assemblée législative de Buenos-Ayres à abdiquer leurs fonctions, ce qu’ils firent aussitôt, et dès lors la négociation se dénouait le 11 novembre par un traité de paix. Les conditions se ressentaient naturellement des circonstances nouvelles où l’on se trouvait. Buenos-Ayres se déclarait dès ce moment partie intégrante de la Confédération Argentine. Dans un délai de vingt jours, elle devait rassembler une convention provinciale chargée d’examiner la constitution fédérale en vigueur ; elle cessait immédiatement d’avoir des relations diplomatiques d’aucune espèce avec les états étrangers. La douane rentrait dans le ressort fédéral. Enfin le Paraguay garantissait l’exécution des engagemens réciproques contractés sous sa médiation. Ainsi la paix se trouvait rétablie dans la république argentine.

Les événemens ultérieurs n’ont été que le développement de ce premier acte de pacification. On s’est occupé de part et d’autre de l’exécution des clauses du traité du 11 novembre. Il y a eu pourtant