Habitant la Nouvelle-Grenade depuis plus d’une année, je connaissais les mœurs des indigènes, les ressources agricoles du territoire ; j’avais formé de nombreuses et agréables relations, et je pouvais compter sur la sympathie de mes nouveaux concitoyens comme si j’eusse été moi-même un Riohachère[1]. Aussi le moment me sembla-t-il venu de réaliser mes plans dans quelque vallée de la Sierra-Nevada. Don Jaime Chastaing, cet ouvrier français — toujours, on s’en souvient peut-être, à la recherche d’un Eldorado, était de plus en plus mécontent de son sort ; il me pria de l’accepter pour associé, et j’eus la faiblesse de lui donner mon consentement. Je pensais naïvement qu’il avait enfin découvert sa vocation à l’âge avancé de soixante-dix ans, et que toute son activité dormante s’était sérieusement réveillée. Je n’oubliais pas non plus que j’allais vivre au milieu des Indiens aruaques, loin de toute société
- ↑ Voyez sur Rio-Hacha et ses habitans la Revue du 15 mars ; voyez aussi les autres parties de cette série dans la Revue du 1er décembre 1859 et du 1er février 1860.