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RAPHAEL

Raphaël d’Urbin et son père Giovanni Santi, par J.-D. Passavant, édition française corrigée et augmentée par l’auteur, Paris 1860. — Vasari, édition Le Monnier, Florence, tome VIII.

Au milieu de la société toscane, vivante, hardie, lettrée, passionnée pour la vie publique, demandant à la science, à l’antiquité, à la raison les élémens d’une civilisation nouvelle, tandis qu’un souffle irrésistible entraînait les artistes florentins vers un naturalisme de jour en jour plus accusé, une école humble et disséminée vivait loin du bruit dans les montagnes de l’Ombrie et sur la pente occidentale des Apennins jusque vers l’Adriatique. Elle gardait les pures et sévères traditions de l’art religieux, et n’avait subi que très indirectement l’influence de la rénovation qui s’accomplissait si près d’elle. Ce n’était point l’art qu’elle poursuivait ; il n’était pas son but : elle l’employait comme un moyen précieux, dans un temps d’ignorance, de compléter l’enseignement oral, en représentant les scènes de l’Évangile ou de la vie des saints, et si ces maîtres pieux et naïfs ont donné à leurs ouvrages une si suave et si exquise beauté, ce n’était que pour rendre la vérité plus aimable, et parce qu’un reflet de leur propre cœur illuminait les saints personnages qu’ils représentaient. Ils se bornaient à mettre en pratique les ordres du second concile de Nicée : « La sainte » église catholique met en œuvre tous nos sens pour nous amener à la pénitence et à l’observation des commandemens de Dieu ; elle s’efforce de nous entraîner non-seulement par l’oreille, mais par la vue, dans le désir qu’elle a de perfectionner nos mœurs. »