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exemptés de la capitation et de la conscription, et en général de tous les monopoles créés par le fisc, du moins en ce qui concerne leur consommation particulière. À chaque chef-lieu, il y a la voïskovaïa kantseliaria (chancellerie de l’armée), conseil de régence électif chargé, sous la présidence de l’ataman, d’administrer les affaires de la communauté, et divisé en trois départemens, l’un militaire, le second civil, le troisième économique et disciplinaire.

Les régimens, colonies de soldats cultivateurs, réunissent autour d’eux, comme une famille, toute une population d’hommes jeunes ou vieux, de femmes, d’enfans et de travailleurs loués comme aides pour les occupations des champs. Cette population en masse atteint un chiffre de douze ou quinze mille personnes, dont les deux tiers mâles, car il y a beaucoup de célibataires parmi les Cosaques. Dans chaque régiment, la réserve (Igotny polk) est égale à l’effectif d’activité, dont elle double la force, puisqu’elle peut entrer en ligne en cas d’attaque générale. Elle se compose des hommes comptant de vingt à vingt-cinq ans de services, de ceux aussi qui ont reçu la permission de vaquer à des affaires de famille dans la stanitsa, de prendre plus de temps pour la culture de leurs terres, etc., tout en restant astreints à la loi du service actif tant qu’ils n’ont pas dépassé quarante ans. En tenant compte de cette force double, on s’explique comment certains régimens présentent une masse de population aussi considérable. Enfin il y a ce qu’on pourrait appeler la milice des jeunes garçons, déployant dès l’enfance du goût et de l’habileté pour les exercices équestres, et s’essayant au maniement des armes, qu’ils doivent connaître à fond, pour être à vingt ans des soldats tout formés. Cette limite d’âge est abaissée de trois ans en faveur des fils d’officiers : dès leur dix-septième année, ils peuvent entrer dans le service actif.

La répartition des terres se fait par lots proportionnés à l’importance des grades ; le simple soldat reçoit de 30 à 60 dessiatines[1] ; les cinq iessaouls et les douze officiers inférieurs, sotniks et khoraundjiis, chacun 200 ; le major, 300 ; chaque officier supérieur, colonel ou lieutenant-colonel, 600 ; le prêtre de la stanitsa, 150. Ces terres sont d’une fertilité extrême lorsqu’elles sont livrées à la culture. À l’état de steppes tout le long des fleuves et des mille rivières qui baignent au sud et au nord le pied des montagnes noires, elles sont couvertes d’un tapis de verdure émaillé de graminées odorantes qui produisent un fourrage excellent.

La faculté particulière aux Cosaques de s’identifier, pour les formes de la vie extérieure, avec les peuples parmi lesquels ils sont

  1. La dessiatine, mesure de superficie, égale environ 1 hectare et 9 ares.