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autrefois de la république, et qui n’ont pas suivi la Belgique dans sa séparation en 1830. Généralement très soumis à leur clergé, ils forment une masse compacte que l’esprit du XVIIIe siècle ne semble même pas avoir entamée. Les autres Hollandais leur reprochent souvent de subordonner entièrement leurs opinions politiques à l’intérêt catholique ; sans rechercher ce qu’il peut y avoir de fondé dans cette accusation, il faut avouer que la manière dont ils ont accueilli les récentes transformations de l’Italie n’est pas faite pour la démentir. Du reste, on doit reconnaître chez eux un attachement profond à leur église, et le dévouement désintéressé à un principe est toujours respectable. Au point de vue de la science religieuse, l’église catholique hollandaise n’a rien produit de remarquable depuis le XVIe siècle, si ce n’est quelques livres de controverse qui en ont, comme de coutume, provoqué d’autres du côté opposé. Cette stérilité scientifique tient peut-être à ce que le rang social et les lumières sont partagés entre elle et l’église rivale dans une proportion bien différente de leur proportion numérique.

En parlant du catholicisme hollandais, nous ne pouvons toutefois passer sous silence un fait très peu connu dans le reste de l’Europe, l’existence d’une église appelée par le peuple janséniste, et qui se nomme elle-même la vieille église. Son surnom populaire vient de ce qu’en effet les idées jansénistes avaient largement envahi l’ancien clergé hollandais, et se sont trouvées ainsi perpétuées par ses successeurs directs. Nous disons directs, car cette vieille église se prétend l’héritière légitime de l’ancienne église catholique des Pays-Bas. Avant et après la réforme, jusqu’au commencement du XVIIIe siècle, les catholiques hollandais étaient soumis spirituellement à l’archevêque d’Utrecht, ayant pour suffragans les évêques de Harlem et de Middelbourg, et en vertu d’anciens droits canoniques, c’était le chapitre d’Utrecht qui nommait l’archevêque. En 1702, pour des motifs que nous connaissons mal, mais auxquels il semble en tout cas que le parti des jésuites donna beaucoup de force, un décret de la cour de Rome abolit brusquement l’épiscopat traditionnel et transforma l’église catholique hollandaise en une mission, gouvernée désormais par un vicaire à la nomination directe du pape. Le clergé ainsi dépouillé de ses droits antiques opposa une résistance évidemment illégitime selon les idées ultramontaines, mais que les principes du vieux droit épiscopal permettaient certainement de justifier. Frappés d’excommunication avec celles de leurs ouailles qui les soutinrent dans cette résistance, les prêtres hollandais continuèrent d’exercer leurs fonctions et de perpétuer leur hiérarchie selon l’ancien mode. Cependant la très grande majorité des catholiques les abandonna, et aujourd’hui, bien qu’ils aient encore leur