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force nouvelle une intervention de plus en plus active ; on l’utilise maintenant, sur les chantiers de maçonnerie, demain on en tirera de nouveaux et précieux services. Plusieurs personnes affirment qu’on pourra bientôt, dans certaines circonstances, rendre, praticable l’application de la vapeur au labourage : je n’ose pas nier d’une manière absolue ce progrès pour l’avenir ; cependant je dois dire, qu’il ne me semble point assuré encore. Je crois même que, si jamais il se réalise, il restera partiel, c’est-à-dire restreint à quelques défrichemens, à quelques, défoncemens exceptionnels alternativement faits chez de grands cultivateurs par un entrepreneur spécial, ou bien à quelques propriétés luxueusement exploitées comme un muséum de mécanique et d’histoire naturelle.

Il est incontestable que la vapeur a sur tous les animaux l’avantage d’une puissance beaucoup plus énergique. La machine coûte d’ailleurs.moins cher que le cheval quand on lui demande un travail fréquent. Étant donc calculés le prix d’achat des bêtes de trait nécessaires, sur une exploitation moyenne, le coût de leur entretien et de leur renouvellement, on trouvera sans doute que la force vapeur qui remplacerait des chevaux exigerait, pour acheter, réparer et faire marcher la machine, une dépense moindre ; mais, ainsi posée, la comparaison ne serait pas exacte. Il resterait à s’inquiéter des fumiers, que les machines ne peuvent produire, et certains cultivateurs, qui trouvent un profit notable à demander des poulains à leurs jumens de travail, ou à se servir de très jeunes animaux pour les revendre ensuite avec bénéfice, quand ces animaux ont acquis une entière valeur, ne seraient pas disposés sans doute à échanger leur bétail contre des locomobiles. D’autres allégueraient en faveur de l’antique écurie l’impossibilité de lancer une machine dans leurs champs, qui sont trop petits, ou trop en pente, ou couverts d’arbres à fruits utiles qu’on ne peut arracher. D’autres encore rappelleraient les transports qu’ils doivent faire sur des routes ou des chemins de traverse qu’un appareil à vapeur ne saurait jamais parcourir. Ceux-ci prétendront ne pouvoir disposer que d’une eau mauvaise pour l’entretien et la durée des chaudières. Ceux-là diront qu’avec une locomotive, ils perdent la précieuse ressource de vendre un tiers, un quart, la moitié de leur étable, quand une occasion favorable se présente ou qu’un besoin d’argent exige ce sacrifice. Plusieurs avoueront n’être point assez riches pour faire toutes les avances nécessitées par un labour à la vapeur. Enfin je crois que le nombre des raisons invoquées serait encore assez grand pour faire douter de l’attelage de la vapeur à nos instrumens de culture.

Dans l’état actuel des choses, les appareils à vapeur appliqués aux champs, ou proposés pour leur être appliqués, sont de trois