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discours du prince-régent a donné clairement à entendre à ceux qui étaient au courant de ces débats qu’un arrangement allait se conclure entre la Prusse et l’Autriche, et, comme le premier point de cet arrangement doit régler la question militaire, il est probable que l’on touche à une solution.

À côté du rapprochement de la Prusse et de l’Autriche et de la réforme militaire, les autres questions allemandes qui ont pu être examinées à Bade sont d’un intérêt secondaire. On dit bien qu’il a été question de l’association allemande qui arbore, comme on sait, le drapeau unitaire, et des affaires de la Hesse et du Holstein. Il est douteux, croyons-nous, qu’au moment où ils se donnaient des gages d’union effective, les princes allemands se soient sérieusement inquiétés d’une association qui ne semble pas avoir obtenu une bien grande popularité. La question hessoise est en ce moment soustraite à l’action de la diète ; la nouvelle constitution donnée par l’électeur l’a ramenée dans une phase où elle conserve le caractère d’une affaire purement intérieure. Quant au Holstein, il n’y a jamais eu de divergence d’opinion entre les confédérés allemands sur la question de droit : la discussion entre Allemands ne porte guère que sur l’opportunité des mesures à prendre. À ce point de vue, les états secondaires reconnaissent, nous n’en doutons pas, aussi bien que la Prusse, que la situation de l’Europe ne permet guère à l’Allemagne de faire prévaloir pratiquement ses vues sur les relations du Holstein avec la cour de Copenhague.

Pour que le double rapprochement que l’on se proposait d’opérer d’une part entre la Prusse et l’Autriche, de l’autre entre la Prusse et les états secondaires, pût, sinon s’accomplir entièrement, du moins se préparer à Bade, il fallait que l’attitude et la politique de la Prusse y fussent assez nettement dessinées pour dissiper les craintes que certaines manifestations du parlement prussien avaient inspirées aux états secondaires. À cet égard, la netteté du langage tenu par le prince de Prusse n’a rien laissé à désirer. Le prince-régent a déclaré que la Prusse défendrait énergiquement non-seulement l’intégrité du territoire germanique, mais encore l’intégrité de chaque état en particulier, lors même qu’elle serait en désaccord d’opinion avec les souverains de ces états sur la politique intérieure de l’Allemagne. On ne pouvait affirmer en termes plus formels que la Prusse ne songe point à relâcher ou à rompre le lien international qui unit les états fédéraux, ni à poursuivre la réforme de la confédération autrement que par les voies légales. L’honnête vigueur de cette déclaration emprunte une signification plus marquée au contraste des faits qui se passent en Italie. Le succès qu’elle a obtenu devrait, ce nous semble, donner à réfléchir au Piémont, et le mettre en garde contre les étourdissantes tentations qui l’assiègent.

Nous faisions déjà remarquer, il y a quinze jours, l’opportunité de l’excursion de l’empereur à Bade dans les circonstances où se trouvait l’Allemagne. Tandis que la confédération travaillait à son apaisement intérieur et cherchait dans l’union de ses membres une garantie contre les dangers