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peu près la demi-année de cette planète. Quelle ne doit pas être, après dix mille cinq cents ans, la différence des glaces accumulées sur les pôles de la terre ! Mais il est à noter que, Mars ayant une rotation plus rapide que notre globe, son aplatissement doit être plus grand, que cet aplatissement doit déterminer une précession des équinoxes s’opérant dans un temps plus court, et dès lors, d’après le principe admis ci-dessus, une plus grande inégalité entre les deux glacières polaires : d’où il résulterait que le phénomène des déluges périodiques s’accomplirait également pour la planète Mars, mais dans des laps de temps beaucoup moins distans les uns des autres. — Ces deux données astronomiques, et la seconde en particulier, militent beaucoup en faveur de la théorie proposée ; c’est à l’observation de les compléter.


III

Les conséquences de tout ce système se tirent d’elles-mêmes. Si les vues de M. Adhémar sont exactes, il est évident que nous marchons à un nouveau cataclysme, malgré la promesse faite par Dieu à Noé qu’il n’y aura plus de déluge sur la terre. La calotte de glace qui environne le pôle boréal va en augmentant, et déjà, depuis l’année 1250, la somme des heures de nuit a dépassé celle des heures de jour. Tandis que notre atmosphère se refroidit, la coupole australe tend à se resserrer, et les eaux qui couvrent l’autre hémisphère s’élanceront dans quatre ou cinq mille ans sur les continens que nous occupons, baignés par des mers de plus en plus hautes.

Examinons maintenant si la marche constatée des faits vient confirmer une si triste prévision, si l’on peut déjà induire des observations recueillies que tout se passe comme le mathématicien français le conçoit. D’abord les glaces de l’hémisphère austral vont-elles en diminuant d’étendue ? Dans son premier voyage, le capitaine Cook, après avoir contourné l’infranchissable barrière de glace qui s’étendait alors jusqu’à la hauteur du 60e degré de latitude sud, affirmait qu’il était impossible de pénétrer plus avant dans les régions polaires. Soixante années plus tard cependant, Ross et Dumont-d’Urville réussissaient à atteindre les environs du 65e parallèle et découvraient les terres Victoria, Adélie et Louis-Philippe. Il y a tant de causes locales et accidentelles qui peuvent déranger la disposition des banquises, qu’on ne saurait invoquer cette circonstance comme un argument décisif ; mais, dit M. F. Julien, en remontant les régions polaires, on acquiert la preuve du développement des glaces boréales.