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race finnoise qui ne connaissait ni l’usage du fer ni celui du bronze. On a même trouvé dans les cavernes de la Belgique des crânes qui paraissent appartenir à la race nègre. Si vraiment ces crânes n’ont pas été apportés de loin par les eaux, il faudrait admettre qu’ils datent de l’époque où l’Europe jouissait du climat des tropiques. Tout cela nous fait remonter bien haut, mais ne permet pas cependant d’affirmer que ces races primitives existassent au moment où les flots du déluge vinrent recouvrir leur patrie. La migration indo-européenne ne saurait être beaucoup plus ancienne que l’an 3000 avant notre ère, et de là au déluge il reste encore un intervalle suffisant pour la durée de ce que l’on a nommé l’âge de pierre, cette période de la vie sauvage où l’homme ignorait l’usage des métaux. Quant aux Nephilim, aux Bene-Elohim, aux Gibirim, dont parle la Genèse, et qui furent anéantis par le cataclysme, nous ignorons si leur existence appartient au mythe ou à la réalité, et s’il faut y voir les frères des Titans de la tradition de l’Atlantide. Peut-être, circonscrits dans l’Asie occidentale, ces peuples brûlaient-ils leurs morts, et le petit nombre de ceux qui subsistaient au moment du déluge n’a pu conséquenment laisser que peu de traces.

Ainsi, à cette heure, l’opinion qui admet la submersion d’une vaste terre habitée demeure encore la moins vraisemblable. Si le globe a été inondé complètement, et l’on a vu plus haut qu’on n’est pas en droit de le supposer d’après les témoignages historiques, la grande majorité des terres recouvertes par les eaux n’avait pas d’habitans ; il est à noter en effet que les ossemens humains accumulés dans les cavernes appartiennent tous à l’époque la moins ancienne. C’est ce qu’a récemment observé M. Anca dans les curieuses grottes explorées par lui en Sicile. Ces grottes renferment des débris de diverses espèces d’animaux éteintes ; mais les vestiges du travail humain n’apparaissent qu’avec les espèces contemporaines, L’accumulation de ces restes s’explique d’autant plus naturellement que la Bible nous montre dans les cavernes les plus anciens lieux de sépulture. Certaines alluvions ont offert aussi des ossemens humains, mais on sait aujourd’hui, par le travail de M. Thomassy, que les atterrissemens de quelques fleuves marchent avec beaucoup plus de rapidité qu’on ne l’avait d’abord supposé, en sorte que notre chronomètre n’a pas la rigueur qui lui était attribuée. D’ailleurs, ce qui s’est passé jadis pour le déluge ne saurait complètement éclairer la manière dont le prochain cataclysme se prépare ; ce ne sont plus les eaux du nord, mais celles du sud dont nous aurons à redouter l’irruption, et rien ne peut faire estimer à quel niveau elles doivent atteindre.

De quelque façon que la catastrophe s’accomplisse, il est certain,