Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sir J. Emerson Tennent, dont le témoignage nous semble plus digne de foi tout en étant moins catholique, dit simplement qu’il n’a vu aucun pêcheur plonger pendant une minute entière ; la moyenne était de cinquante-six secondes. Le métier est d’ailleurs très fatigant et exige des hommes bien exercés. On pourrait craindre les requins ; mais les Tamils prennent leurs précautions contre ces terribles ennemis. Avant la pêche, les plongeurs vont trouver le charmeur de requin (c’est un fonctionnaire très sérieux et très respecté ; la charge était, en 1847, remplie par un catholique) ; ils le prient d’exorciser le monstre, et, cela fait, ils se lancent intrépidement au fond de l’eau. Les accidens sont du reste fort rares, bien que ces parages soient infestés de requins : probablement ces animaux, effrayés par le bruit que produit la flottille des bateaux, s’éloignent des lieux de pêche, et l’on a de plus remarqué qu’ils n’aiment pas les peaux noires. En tout cas, les Malabars demeurent très convaincus de l’efficacité des exorcismes.

La récolte des perles était autrefois très productive ; elle a décliné depuis un siècle, et il y a même eu des séries d’années où elle a été tout à fait nulle. Comme on croyait que les huîtres n’avaient point la propriété de se déplacer, la dépopulation des bancs a été longtemps attribuée soit aux excès déréglés de la pêche, soit à l’influence des courans dans le détroit de Manaar, qui sépare Ceylan de la presqu’île indienne ; mais des expériences suivies avec soin ont démontré que l’huître à perles peut se transporter d’un point à un autre, et qu’elle est souvent amenée à faire usage de cette faculté de locomotion. Dès lors on a pensé à créer des bancs d’huîtres artificiels, en étudiant les fonds où les procédés de la pisciculture, éclairés par les observations de la science, paraîtraient applicables. J’ignore si les essais annoncés par sir James Emerson Tennent ont réussi. On pourra semer des huîtres, mais il n’est pas sûr que l’on récolte des perles.

Les éléphans se cachent moins facilement que les perles, et il faudrait qu’un voyageur eût bien peu de chance pour ne pas apercevoir de temps à autre, soit dans le lit humide d’un ancien étang, soit sous le couvert de la forêt, des bandes d’éléphans à l’état sauvage. La rencontre de ces nobles quadrupèdes passe pour un incident fort ordinaire à Ceylan et très rarement périlleux. L’éléphant serait-il moins méchant que l’homme ? Il n’attaque presque jamais, et quand il est attaqué, il ne se défend pas toujours. Sir J. Emerson Tennent a consacré une partie de son livre à la description de l’éléphant de Ceylan ; comme étude physiologique, le sujet est plein d’intérêt, car la structure de l’éléphant cingalais diffère, sur beaucoup de points, de celle des éléphans de l’Afrique et même de l’Inde ;