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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/174

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UN ESSAI
D’HISTOIRE IDEALE

Merlin l’Enchanteur, par M. Edgar Quinet ; 2 vol. in-8o, Michel Lévy.

Nous nous accusons d’un goût très vif pour les œuvres qui ouvrent de nouveaux horizons à l’imagination, ces œuvres fussent-elles même défectueuses et incomplètes, et pour les esprits animés d’une courageuse inquiétude, qui ne sont jamais satisfaits d’eux-mêmes, qui font effort pour se surpasser et ne craignent pas de s’engager dans des routes où leur génie n’a pas encore marché, ce génie dût-il s’y égarer ou n’arriver au but qu’après de longs détours et d’innombrables circuits. C’est à ce titre que nous nous empressons de signaler le nouveau livre de M. Edgar Quinet, Merlin l’Enchanteur. Merlin est une tentative nouvelle, un effort nouveau de l’auteur d’Ahasvérus. La tentative est noble et hardie, l’effort est laborieux, soutenu et puissant. Le génie qui est propre à M. Quinet courait risque d’être écrasé sous le fardeau qu’il a essayé de soulever, et de périr dans le combat qu’il engageait avec les bataillons sans cesse renaissans d’idées et de formes qu’il a voulu conquérir et dompter. Il n’en a rien été heureusement. Le champion est sorti de cette lutte un peu haletant, tout baigné d’une noble sueur, l’armure froissée et bosselée en quelques endroits, mais sain et sauf et sans blessure. Loin de nous l’idée de vouloir lui faire un reproche de ces marques de fatigue que nous croyions apercevoir çà et là dans son livre : nous serions plutôt tenté de lui en faire gloire, car elles sont le témoignage