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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/213

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Le 10e d’infanterie légère, un bataillon de zouaves, les chasseurs d’Afrique et deux pièces de canon étaient réunis à neuf heures du soir au pont d’Oul-el-Kerma. La colonne se dirigea sur Bouffarik ; à six heures du matin, le combat s’engagea : le brave colonel Schauenbourg, renversé de cheval, ayant la clavicule cassée, donna l’ordre à son régiment de lui passer sur le corps et fit sonner la charge. Les chasseurs, lancés sur l’ennemi, enlevèrent deux drapeaux ; leur commandant, Marey-Monge, tua un des porte-fanions de sa main, et dans la liste des noms cités honorablement on trouve ceux de trois généraux futurs : Marion, de Drée, de Prémonville.

La période franco-arabe de l’histoire des chasseurs d’Afrique, représentée surtout par le 1er régiment de ce corps, commence en 1830, et s’achève, nous l’avons dit, en 1834. En 1832, un nouveau régiment était créé, qui représente une autre période de ces annales militaires que le moment n’est pas encore venu de raconter.

A partir de 1834, le 1er chasseurs prit une physionomie spéciale comme dépositaire des traditions du corps qui, dès l’année 1840, comptera quatre régimens. Il en personnifia la jeunesse, les autres en annoncèrent la maturité. Rappelons en peu de mots les derniers traits de son histoire. Après le choléra de 1835 vint 1836, une année de repos. Ce régiment devait en tout servir de point de départ, et c’est pendant cette année de repos qu’on y essaya diverses améliorations applicables au nouveau corps. L’habillement, l’armement et le harnachement furent bien coordonnés pour le service auquel était appelée cette cavalerie nouvelle et pour la nature du pays où elle faisait la guerre. Avec un harnachement dépourvu d’accessoires inutiles et de parade tels que la schabraque, avec une selle dite à la hongroise, et qui restera toujours, malgré toutes les modifications, la vraie selle de cavalerie légère, monté sur le cheval du pays, sobre, plein de feu et d’énergie, vêtu à la légère avec sa veste d’écurie, le fusil du voltigeur en bandoulière, coiffé de ce képy algérien qui s’est promené sur tous les champs de bataille des dernières guerres, le chasseur d’Afrique offrit bientôt le type parfait du cavalier léger en campagne. Cette tenue n’a pas varié ; elle est devenue particulière aux quatre régimens. Les Arabes reconnaissaient au loin avec terreur 1*uniforme bleu de ciel de nos chasseurs quand ils arrivaient dans la plaine.

Le 31 décembre 1839 se livra le combat d’Oued-Laleg, sous les yeux du maréchal Valée. Le colonel du 1er chasseurs, M. de Bourjolly, enfonça, à la tête de son régiment, les carrés de l’infanterie régulière de l’émir, et lui tua trois cents hommes. Le vieux maréchal Valée se trouvait au milieu des chasseurs, qui, électrisés par sa présence, enlevèrent trois drapeaux, un canon et les tambours de la