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Notre campagne de 1845 ne fut plus marquée par aucun incident notable, et jusqu’en 1847 l’histoire du 2e chasseurs peut se résumer en deux mots : il guerroya toujours. Pour avoir toutefois une idée exacte des services que rendit à l’armée d’Afrique le corps créé en 1830 et fortifié par des adjonctions précieuses de 1832 à 1840, c’est avec le 3e et 4e chasseurs qu’il faut assister aux plus importantes opérations de la guerre dont la soumission d’Abd-el-Kader marqua le dénoûment.


III

Le 3e régiment de chasseurs d’Afrique fut organisé dans la province de Constantine le 1er février 1833. Les deux précédens régimens avaient été créés dans les capitales mêmes des provinces où ils devaient agir, Alger, Oran : il en fut de même pour le 4e, créé à Bone ; mais à l’époque de la formation du 3e régiment dans la province de Constantine, la capitale appartenait encore au bey Achmet et ne devait s’ouvrir à nos troupes victorieuses qu’en 1837.

Le 3e chasseurs d’Afrique fut formé de deux escadrons du 1er, foyer précieux qui alimenta tous les autres régimens de l’arme, et de militaires de tous grades tirés des différens corps de cavalerie de France. Son premier colonel fut M. Boyer, mais son commandement ne fut guère que nominal ; l’organisateur réel fut le colonel Corréard, qui lui succéda. Sous l’impulsion de ce digne chef, qui avait fait les guerres du premier empire avec les vieux dragons d’Espagne, le 3e régiment ne pouvait que marcher sur les traces des deux autres.

De 1833 à 1836, l’histoire du 3e régiment de chasseurs nous le montre se plaçant, par sa discipline, sa tenue modèle, au rang des plus vieux régimens. Il se prépare à la grande tâche que lui assigne le choix de la province désignée pour son berceau. Il s’agit de donner à cette province sa vraie capitale. Les deux expéditions de Constantine ont été souvent racontées[1]). Ce qui importe à notre sujet, c’est d’indiquer la part qu’y prit le 3e chasseurs. Lors de la première expédition, c’est surtout dans les épreuves d’une retraite tristement célèbre que le 3e chasseurs se montra admirable. Le 26 octobre 1836 notre armée, se retirant en bon ordre et se battant toujours, arrivait à Sidi-Tamtam. Le lendemain, elle avait à franchir le col difficile de Ras-el-Akba : des tribus, accourues de loin au secours du bey Achmet, n’avaient pu passer les rivières, grossies par les pluies, et étaient venues à ce col dans l’espoir de mettre la colonne entre deux

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1838 et du 15 août 1845.