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temps que d’humidité saline, qu’exige la pleine réussite de la variété longue-soie, si bien appréciée par le commerce. Il y a deux ans, une cargaison de quatre-vingts balles s’est vendue au Havre au prix moyen de 6 francs 50 cent, le kilogramme, prix parfaitement justifié par la beauté, la finesse et la force des fils et des tissus fabriqués avec ce coton. On peut donc espérer pour le coton une renaissance prochaine.

Après ces produits principaux et secondaires des Antilles, une simple mention suffit pour ceux de troisième ordre : le tabac, première culture, première monnaie de la colonie, dont la gloire ne survit guère plus que dans un nom historique, le macouba ; — le girofle aux pénétrantes senteurs, qu’ont à peu près détruit les ouragans et surtout la baisse des prix ; — la casse, fruit d’un bel arbre aux fleurs jaunes ; — la cannelle, peu répandue, quoique estimée. À ces épices et denrées, communes aux deux colonies à un degré fort inégal du reste, la Guadeloupe ajoute le rocou, fruit tinctorial, qui se maintient depuis l’origine sans atteindre ses rivaux, le vanillon, espèce inférieure du genre vanille et quelques essais de cochenille qui, malgré les bons résultats obtenus par le fermier d’une nopalerie du gouvernement, paraissent devoir trouver dans les pluies habituelles du climat un sérieux empêchement.

Acceptée comme une nécessité plutôt que comme une spéculation, la culture des vivres tourne depuis bientôt trois siècles dans le même cercle, persévérance qui révèle des choix bien adaptés au pays et aux populations. En tête vient le manioc, qui, purifié de son virus, n’a cessé d’être l’aliment préféré des classes moyennes. La patate échappe aux accidens de l’hivernage, et prévient la disette qui suivrait les ouragans. Viennent ensuite diverses ignames, analogues de formes et de propriétés à celles qui ont récemment acquis dans les jardins de l’Europe plus que sur ses marchés une retentissante renommée. Le maïs est précieux aux Antilles, comme en tout pays, pour la nourriture des hommes et des animaux. La banane justifie son titre de providence des régions équatoriales par l’énorme quantité de matière alibile qu’elle rend sur une surface donnée, et qui, taillée en rondelles desséchées ou préparée en fécules, promet aux cuisines d’Europe une nouvelle ressource. Divers haricots, les pois d’Angola, les tubercules d’où s’extraient l'arrowroot et autres fécules, complètent la série fort variée des végétaux de consommation courante, principale culture des anciens esclaves. Dans les sucreries, où les vivres étaient autrefois légalement prescrits, ils sont devenus une branche accessoire depuis l’introduction des engagés asiatiques, pour qui le riz de l’Inde forme la base de la nourriture. Comme au début des colonies, l’ordre vraiment naturel