Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/730

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

putréfaction, dont l’humidité est la cause. Les moyettes laissent, malgré la pluie, à l’air ambiant tout le temps nécessaire pour dessécher plus ou moins lentement le grain ; en outre, cette dessiccation progressive facilite une maturation plus complète, qui fait profiter le fruit ou le grain de blé de ce qui reste de sève accumulée dans la partie supérieure de la tige ; le grain se trouve mieux nourri, plus pesant, et la paille plus belle. Cette maturation ultime, sur laquelle on peut compter à la condition de disposer les gerbes de blé en moyettes, permet d’ailleurs de faucher quatre ou cinq jours plus tôt que lorsqu’on laisse les produits étendus sur le sol en andains ou en javelles ; on a donc une latitude plus grande pour effectuer le fauchage en temps utile.

L’humidité de cette année a contribué encore à faire généralement apprécier l’utilité des machines faucheuses, qu’on peut regarder comme définitivement acquises à notre agriculture. On sait que la production du blé, qui dépend des engrais de l’étable, et la production de la viande, proportionnée à la nourriture dont on peut disposer pour le bétail, se trouvent l’une et l’autre liées à la récolte des fourrages ; or ceux-ci perdront considérablement de leurs qualités nutritives, si les prairies ne sont fauchées à temps, si le foin n’est pas fané et rentré ou mis en meules dans un délai assez court pour échapper à la fâcheuse influence des eaux pluviales. La récolte peut même perdre de cette façon les 25 centièmes de sa valeur totale. L’important problème de la récolte des fourrages faite à temps est enfin résolu par le fauchage mécanique.

Au nombre des récoltes menacées en 1860 par les intempéries exceptionnelles, il faut compter encore la première de nos plantes féculentes, la pomme de terre, qui dans une certaine mesure peut remplacer le froment, et qui tous les ans, depuis 1845, a été plus ou moins attaquée par une affection spéciale. Cette année même, quelques journées chaudes qui ont suivi des pluies persistantes ont réuni les conditions de température et d’humidité qui favorisent le développement excessif de toutes les végétations cryptogamiques, en particulier de celles qui sévissent encore sur les pommes de terre et sur la vigne. Aussi a-t-on vu sur divers points de la France et de la Grande-Bretagne, dans les champs de pommes de terre, et surtout parmi les variétés tardives, des surfaces envahies du jour au lendemain ne plus montrer que des tiges et des feuilles flétries, brunies, couchées sur le sol et bientôt en proie à la décomposition spontanée.

Cette année, le mode d’invasion dans les tubercules a présenté des variations remarquables. Le plus souvent les émanations du parasite arrivant des feuilles passaient par les tiges aériennes, puis souterraines, pénétraient dans les tubercules, et se répandaient dans la couche corticale la plus féculente. Enfin, envahissant par degrés