Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/984

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles rien de ce qui constitue des instrumens de crédit propres à suppléer momentanément à l’insuffisance du numéraire et du capital ! En d’autres termes, le crédit industriel et commercial existe dans les diverses institutions dont l’Economist constatait l’impuissance ; mais le crédit financier, celui qui serait établi en vue d’aider à la circulation et à l’accroissement de la fortune mobilière du pays, de ne plus rendre cette fortune tributaire et esclave du métal monnayé, ce crédit-là reste à fonder.

La question posée par l’extension et l’achèvement des chemins de fer peut et doit être l’occasion de cette création. Les emprunts faits par l’état pour le compte des compagnies sont impossibles ; le rachat serait désastreux, nous croyons l’avoir démontré. D’un autre côté, le pays a un absolu besoin de jouir au plus tôt de ces voies perfectionnées de communication, qui donnent naissance, par suite d’une répartition incomplète, à la plus choquante inégalité dans les conditions de la production agricole et industrielle. Que l’on organise donc pour les compagnies un instrument de crédit qui leur permette de se suffire à elles-mêmes, sans compromettre ni leur passé, représenté par toutes leurs valeurs en circulation, ni leur avenir, lié étroitement à la prospérité du pays tout entier. C’est par cette innovation seule que peuvent s’achever sans trouble les chemins de fer concédés, c’est par elle seule que pourra s’organiser la construction d’un troisième réseau de lignes d’embranchement. Si au contraire la situation actuelle des compagnies n’est pas profondément modifiée, si on leur conserve des cahiers des charges onéreux sans profits, si on les laisse abuser des emprunts, non-seulement leur crédit en subira une atteinte irrémédiable, mais encore elles en arriveront à l’impuissance d’accomplir leurs engagemens et à une crise dangereuse pour tous les intérêts qu’elles représentent.


G. POUJARD’HIEU.