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tion relativement aisée. Cette institution tend du reste à disparaître, et dans toutes les villes où l’administration municipale est entre les mains d’hommes éclairés, on suit l’exemple de l’état et des particuliers en vendant les coupes, au lieu de les partager en nature. Quant aux indigens, on vient à leur aide soit par des secours en argent, soit même par des distributions de bois, qui se trouvent ainsi limitées aux véritables indigens.

L’état, ne consommant pas les produits de ses forêts, ne peut en tirer parti qu’en les livrant au commerce à un prix qui se règle, comme celui de toutes les marchandises, par les lois de l’offre et de la demande. Ces ventes, faites au profit du trésor, comprennent toutes les coupes à exécuter dans les forêts domaniales[1], sans qu’on puisse en détourner aucune partie pour les affecter à une autre destination, ou même pour les employer aux diverses exigences des administrations publiques. Comme les simples particuliers, celles-ci sont tenues d’acheter les bois qu’il leur faut; il n’y a d’exception que pour la marine, qui est autorisée à prendre dans les coupes et à utiliser pour son service les pièces reconnues propres aux constructions navales.

Les ventes de bois peuvent être effectuées de deux manières : ou bien le propriétaire fait exploiter lui-même et à ses frais les bois compris dans la coupe annuelle, et après les avoir fait débiter en pièces de charpente ou de chauffage, les livre en détail au consommateur, ou bien, laissant sa coupe sur pied, il l’adjuge au plus offrant, en lui abandonnant le soin d’abattre les arbres et d’en tirer le meilleur parti possible. L’acquéreur, qui est ordinairement un marchand de bois, agit alors pour son propre compte, et devient un intermédiaire entre le propriétaire et le public. Il semble, à première vue, que le premier de ces modes doive être de beaucoup le plus avantageux, puisque le propriétaire, en s’adressant directement au consommateur, doit profiter des bénéfices de l’intermédiaire, et que de plus, en vendant sa marchandise par lots de peu d’importance, il s’adresse à un nombre d’amateurs plus considérable qu’en la vendant sur pied, et doit dès lors en tirer un meilleur parti. Il n’en est rien cependant, et surtout dans les forêts domaniales la vente sur pied est à tous égards préférable. La chose est facile à comprendre. Dans une même coupe, on rencontre des arbres d’essences diverses et de dimensions variables, propres à des usages très différens; pour que cette coupe puisse atteindre toute la valeur qu’elle comporte, il faut que les arbres soient débités de la manière la plus avantageuse eu égard à l’état du marché. Un chêne par exemple qui peut donner indiffé-

  1. La vente des bois dans les forêts domaniales a produit 31,282,842 francs en 1858.