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NOUVELLE EXEGESE
DE SHAKSPEARE

New Exegesis of Shakspeare, interpretation of his principal characters and plays on the principle of races, Edinburgh 1859.

I. — ENCHAÎNEMENT HISTORIQUE DES PRODUCTIONS DE LA POÉSIE.

Les œuvres de l’esprit humain, comme celles de la nature, sont d’une contemplation infinie. La nature est sans bornes pour le savant et pour l’artiste. Que ne s’est-elle pas laissé dérober depuis que l’humanité, sortie de ses langes, s’essaie à découvrir les lois dont la régularité gouverne l’univers, ou à reproduire, d’une voix et d’un pinceau mortels, les immortelles beautés qui se confondent ou se contrarient dans l’ensemble immense! Quand le physicien et le poète, sur le bord de l’Océan, assistent à ce grand spectacle d’une eau qui mystérieusement se gonfle et s’abaisse, l’un, tournant les yeux vers le ciel, y reconnaît les deux puissans moteurs qui, en passant, soulèvent les flots hors de leur lit, puis les laissent retomber comme un fardeau trop lourd; l’autre, à l’aspect de cette grandeur, sent le ravissement de la rive solitaire et de la mer profonde, et entend la musique de la vague bruyante, comme l’entendit Childe Harold en ces vers qui sont dans la mémoire de tous, et l’âme va s’anéantir dans la douloureuse volupté de l’infini aussi bien avec la sévère spéculation qui l’éclairé qu’avec l’harmonieuse rêverie qui la charme. De même les œuvres du génie humain nous attirent sans cesse; elles ont cela de particulier qu’elles sont un choix dans la