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tefois cela est propre non à une nation, mais à un état théologique de l’esprit pendant certaines périodes. Nous-mêmes, nous n’avons pas manqué de ces théologies où l’ordre du monde est conçu non comme un ensemble de conditions immanentes, mais comme un ensemble d’opérations explicables par leur but. Les anciens, dès que le monothéisme philosophique commença de luire à leurs yeux, abondèrent en ces interprétations ; le Grec Galien en fit la base de son grand traité de l’usage des parties du corps humain. D’ailleurs, ce qui achève de trancher la question, c’est que les Teutons, pour me servir du terme générique employé par M. O’Connell, y ont renoncé complètement dans la philosophie de Hegel. Les causes finales sont une phase que traversent la science et la philosophie, et non un terme au-delà duquel certaines nations ne peuvent s’élever.

Enfin viennent Macbeth et les Celtes : Macbeth, prince des Gaëls d’Ecosse, qui parlent encore le vieil idiome celtique ; les Celtes, cette race qui, suivant M. O’Connell, superposée aux deux autres, est de la sorte avancée sur un plan plus élevé. Voici comment il la caractérise : « Dans l’intelligence, prédominance de la faculté raisonnante, en tant qu’opposée aux tendances réflectives et perceptives, ou, dans le langage de la méthode, contrôle et complément de l’induction et de l’analyse par le moyen de la synthèse. La conduite est raisonnée, circonspecte, systématique. En moralité, la conséquence de l’acte, c’est-à-dire la conformité de l’acte avec les prémisses, a plus de poids que les motifs dictés par la conscience, comme chez les Teutons, ou le but poursuivi, comme chez les Italiens ; car la raison, venant enfin à connaître que les impulsions de l’homme ou ses desseins n’ont pas le pouvoir d’altérer l’ordre moral de l’univers, se résigne à étudier et à suivre cet ordre naturel à travers un tissu de rapports où tout est gradation conséquente. Dans la spéculation, cette race doit être méthodique, organisatrice, par opposition à celles qui ne savent qu’accumuler ou explorer, et, au point de vue théologique, opposer la fixité des institutions à la turbulence du prophétisme et à la torpeur de la théocratie, ou, en termes plus familiers, le calvinisme et le gallicanisme aux extrêmes contraires du romanisme et du protestantisme. Les manières doivent être à la fois dignes, courtoises et cordiales, en tant que procédant d’un tempérament où l’excellence du système nerveux a relevé la servilité du tissu cellulaire et la rudesse du système musculaire. Finalement, les tendances sont non pas, comme dans Hamlet, tournées en dedans et individuelles, non pas, comme dans Iago, tournées vers des passions et des intérêts de famille, mais dirigées vers la circonférence, expansives, généreuses, magnanimes, en un mot sociales. Ces qualités, ainsi que dans les autres races, ont leurs