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d’une mélancolie et de désordres longtemps incurables sont hantés par des animaux divers, mais également funestes. Le dernier a même reçu le nom populaire, mais impropre, de ver solitaire. Un individu de ce genre n’apparaît jamais seul, mais toujours uni à plusieurs êtres semblables. Ils forment les anneaux d’une chaîne qui se brise à l’époque de la reproduction. Il semble probable que ceux du moins qui habitent l’estomac y sont importés par les alimens, soit tout formés, soit à l’état d’œufs ; cependant cette supposition rencontre la grande objection des partisans de la génération spontanée, savoir la variété des espèces et les lieux exclusifs dans lesquels elles se développent. Si, pour la formation spontanée d’un animal, un milieu bien défini contenant certaines substances, et en proportion presque constante, semble nécessaire, il n’en peut être de même du développement d’un ovule ou de la vie d’un être de ce genre. Si, pour les animaux supérieurs, un organe exclusivement destiné à la gestation, le sein de la mère, est indispensable, il en est tout autrement de beaucoup d’insectes, de poissons, même d’oiseaux, dont toute chaleur, naturelle ou non, fait éclore les œufs. Comment se fait-il que ces ténias, ni leurs œufs, n’existent jamais hors de l’individu vivant ? Il n’est pas besoin de réfléchir beaucoup pour apercevoir là une difficulté sérieuse. Bien plus, ils sont très divers, et les helminthes d’un animal ne sont pas ceux d’un autre. Comment deux estomacs d’animaux très semblables, se nourrissant d’alimens identiques, auraient-ils des propriétés si différentes, et ne permettraient-ils pas le développement des mêmes ovules ? Pour que l’introduction par les alimens fût même très naturelle, il faudrait supposer qu’on ne mange pas la viande cuite, car on ne prétend pas qu’ils résistent à la cuisson. Il faudrait aussi qu’on n’en trouvât que chez les carnivores ; or les herbivores présentent une faune intestine plus fréquente et plus nombreuse. Les enfans ont des entozoaires qu’on ne trouve pas chez les hommes. Presque tous diffèrent essentiellement de tous les êtres qui vivent à l’air libre. Enfin il en est un grand nombre qui n’habitent pas les cavités où pénètrent l’air et les alimens. Quelques-uns sont vivipares, et ne peuvent en conséquence être absorbés avant de naître. On en trouve dans le cerveau, particulièrement chez le mouton, auquel il donne le tournis, dans la poitrine, dans le foie, dans la moelle, et la plupart ne semblent pas conformés de manière à pénétrer dans les tissus. On n’en a observé d’ailleurs aucun sur le trajet de l’estomac au foie ou au cerveau, et ils sont particuliers aux organes dans lesquels on les a rencontrés. Une espèce de nématoïdes, les filaires, habite les yeux, surtout ceux des poissons, et des tumeurs closes de toutes parts. On a vu enfin ces phénomènes