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dans la place deux fois autant de soldats qu’il ou pourra abriter dans ses casemates, — le gouvernement piémontais assurant qu’il ne veut point troubler la paix et s’appliquant en effet avec une sérieuse ardeur à la réorganisation de la péninsule, — l’Europe ne peut plus qu’assister avec sympathie à cette grande expérience d’une nation qui cherche à fonder à la fois son indépendance, son unité, sa liberté civile, religieuse et administrative, et qui, pour l’accomplissement de cette œuvre immense, se sert de la liberté politique avec une si remarquable fermeté. Nous ne partageons point et nous ne pouvons partager l’indifférence italienne sur les moyens qui ont été employés pour en venir là ; mais, quand nous oublions momentanément ce côté hasardeux de la révolution italienne, nous ne pouvons nous empêcher d’être saisis de la grandeur de l’œuvre tentée par M. de Cavour et d’admirer la robuste confiance que son langage respire. C’est le sentiment que nous éprouvions en lisant sa remarquable dépêche adressée à la Prusse. Pourquoi faut-il que, par une rencontre malheureuse, le jour où paraissait dans la presse française ce beau document diplomatique, quelques journaux se soient avisés maladroitement de publier une lettre du prince Murat à un duc napolitain ? Le prince Murat est allié à la famille impériale et siège dans le sénat français. Que signifient dans une telle situation, et en présence de l’état critique que traverse l’Italie, ces allures de prétendant ?

Nous ne finirons point sans saluer d’un applaudissement le succès que le parti républicain vient de remporter aux États-Unis. L’élection de M. Lincoln à la présidence est aussi un signe du temps et un puissant encouragement donné aux causes politiques qui savent résister aux longs échecs. Le parti démocratique américain est battu et a mérité sa défaite. Par un de ces calculs immoraux auxquels ce parti n’est que trop accessible, et qui, dans certains pays, en font le satellite du despotisme, le parti démocratique a lié son sort en Amérique à la cause de l’esclavage. Devenu le parti de l’esclavage, il n’a reculé devant aucun excès, aucune corruption, et il tombe aujourd’hui sous une réaction morale qui venge l’honneur des États-Unis. e. forcade.


ESSAIS ET NOTICES.

DE LA PRESSE PÉRIODIQUE
ET DE LA LITTÉRATURE NATIONALE EN FINLANDE

Un récent épisode donnera peut-être un certain intérêt d’à-propos à ces lignes, qui contiennent une protestation contre un permanent oubli d’une