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nistration séparée ou vicariat, n’avait rien de nouveau. Elle se mêle à l’histoire, elle exprime la nature des rapports qui ont existé longtemps entre la Romagne et le saint-siège; Rossi la reproduisait il y a trente ans, et même lorsqu’il était ambassadeur à Rome en 1846, il n’entrevoyait d’autre solution des embarras du gouvernement pontifical que quelque arrangement qui ferait de la Romagne ce qu’était sous l’empire le royaume d’Italie, dépendant de l’empereur, mais ayant une organisation, des lois, une armée, des administrateurs italiens.

Ce n’était donc pas absolument une nouveauté; le vicariat cependant, on ne peut le nier, était plus que l’administration séparée du mois de juillet, parce que tout avait changé, et ce vicariat tempéré d’annexion ou cette annexion déguisée sous un vicariat affectait d’autant plus péniblement la cour de Rome, que c’était le moment où on avait retrouvé quelque espoir, où on croyait à une certaine possibilité ou à une certaine efficacité d’appui de la part de quelques états, Naples, l’Espagne, la Bavière. Rien ne le prouve mieux qu’une pensée du cardinal Antonelli fort connue à Rome à cette époque. Il ne demandait plus à la France et à l’Autriche une intervention qu’elles ne voulaient ou ne pouvaient accorder; il demandait que tout ce qui était étranger se retirât de la Romagne, que le pape fût laissé seul en face des populations, et qu’il eût le droit de faire appel aux autres puissances catholiques. Le cardinal Antonelli ne remarquait pas qu’il ne changeait guère la question, que la difficulté était d’abord d’expulser de la Romagne tout ce qu’il appelait étranger, et que si, par des raisons diverses, la France et l’Autriche s’abstenaient d’intervenir, ce n’était pas pour livrer les provinces italiennes aux Napolitains, aux Bavarois ou aux Espagnols. En un mot, pour la cour de Rome, tout se résumait dans ce programme : soumission de la province rebelle, rétablissement de l’autorité pontificale; puis on verrait quelles réformes pourraient être réalisées. C’est l’annexion pure et simple de la Romagne au Piémont qui s’accomplissait peu après par une manifestation plus décisive du suffrage populaire, comme pour répondre à l’encyclique du 19 janvier 1860, promulgation de la politique pontificale.

C’est, on le voit, la seconde tentative qui échouait; ce n’est pas la dernière qui devait se briser contre les mêmes obstacles. Lorsque le congrès qui devait se réunir il y a un an n’était plus qu’un souvenir avant d’avoir été une réalité, lorsque les annexions étaient accomplies, en présence d’une situation dont la gravité ne pouvait que s’accroître par l’incertitude, il y eut, dit-on, un effort nouveau. On proposait à Rome la réunion d’une conférence où un protocole eût été signé. La Romagne eût été passée sous silence, mais la garantie offerte déjà au souverain pontife pour le reste de ses états eût pris