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térêts annuels, loin de s’affaiblir, tend à s’accroître régulièrement d’après une progression déjà établie. Ainsi, pour suivre les erremens du budget officiel, nous n’avons point inscrit au capital de la dette les actions des chemins de fer et des routes, dont l’ensemble s’élève à 1 milliard et qui seront amorties par des achats semestriels, non plus que le total des deux classes de la rente non consolidée, dont la première, par suite d’adjudications semblables, disparaîtra en 1867 et la seconde en 1870; mais nous ne pouvons omettre de faire observer qu’en 1869 la dette différée rapportera 3 pour 100 d’intérêt, tandis qu’elle produisait 1 pour 100 en 1851, et qu’aujourd’hui elle donne 1 ¾ pour 100. Ce sera donc un nouvel intérêt de 80 millions à ajouter aux 87 millions d’intérêts de la rente différée actuelle. Le 3 pour 100 inaliénable ne figure au budget de 1800 que pour 20 millions d’intérêts; mais cette dépense n’est applicable qu’à des corporations civiles. Le nouveau concordat permet au gouvernement d’aliéner le reste des biens du clergé, dont on avait calculé en 1855 que l’ensemble valait 5 milliards 320 millions. Il faudra, en échange de ces propriétés vendues, pourvoir aux besoins du clergé et lui délivrer des titres de rente 3 pour 100. Par conséquent le capital et les intérêts de la dette publique pourront bien être, accrus de 50 pour 100 environ. Il y a là une tentation presque irrésistible contre laquelle il importe cependant de se prémunir. La vente des biens nationaux semble jusqu’ici la seule ressource dont on fasse usage pour parer aux dépenses extraordinaires, aux améliorations réelles, au déficit du budget; mais cette ressource n’est pas inépuisable: à la prodiguer trop vite, on n’en tire pas tout ce qu’elle vaut, et c’est ainsi qu’en fermant en apparence la liste des emprunts onéreux, on emprunte, sous une forme indirecte, à des taux assez élevés, et qu’on peut s’exposer à se trouver un jour sans biens nationaux à vendre, avec un nouveau déficit à couvrir et des obligations perpétuelles à payer.

Si le capital de la dette espagnole est fatalement appelé à s’accroître dans un avenir prochain, on peut regretter aussi qu’après avoir rétabli l’ordre et l’unité dans la dette de l’état, non sans exiger de douloureux sacrifices de la part de ses créanciers, le gouvernement ait multiplié depuis quelque temps des créations de valeurs dont le type n’est plus ce 3 pour 100 substitué en 1851 à tous les autres titres de la dette publique. Les divers emprunts contractés depuis 1833 sous forme d’émissions d’actions de routes à 6 pour 100 d’intérêt ont été suivis d’émissions d’actions de chemins de fer, d’actions de travaux publics, de billets du trésor à 5 pour 100, dont l’intérêt en réalité varie selon le prix plus ou moins rapproché du pair auquel ils sont adjugés: il en résulte une diversité nouvelle de ces