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que le ferait une compagnie, mais on peut demander qu’il n’augmente pas ses frais d’administration dans une proportion aussi considérable qu’il l’a fait depuis plusieurs années. Si l’on comparera onze ans d’intervalle, de 18ù7 à 1858, les dépenses ordinaires exigées par le service général des ministères, on trouve que sur ce simple service il y a une augmentation de 152 millions[1].

De 1854 à 1859, tant pour la guerre de Crimée que pour celle d’Italie, l’état a emprunté 2 milliards, imposant au pays, avec l’amortissement, une charge annuelle de plus de 100 millions. La dette publique a encore augmenté parce qu’on a voulu combler les déficits ordinaires du budget, et si l’on n’a point fait en ce sens d’emprunt direct, on a du moins profité des emprunts faits en vue de la guerre pour en appliquer une partie à mettre nos budgets en équilibre. C’est ainsi notamment qu’ont été équilibrés les budgets de 1857 et de 1858, avec les excédans des emprunts contractés pour la guerre de Crimée, et si le budget actuel se solde en équilibre, il le devra certainement à une partie des ressources disponibles de l’emprunt pour la guerre d’Italie. Certes on nous accordera que ces deux causes d’augmentation de la dette publique, — la guerre et les déficits du budget, — sont des causes exceptionnelles, et qui ne sont pas liées fatalement au progrès de la richesse. Et si le pays doit payer plus d’impôts à raison de ces charges, il les paie à titre onéreux, et nullement comme le prix d’un service.

Maintenant qu’est-ce donc que l’impôt pour celui qui le paie ? Ce n’est pas seulement un prélèvement sur la richesse du contribuable,

  1. 3) En voici le tableau emprunté pour le budget de 1847 à la loi du 8 mars 1850, et pour le budget de 1858 au projet de règlement qui est en ce moment soumis au corps législatif :
    1847 1853
    Ministère de la justice 27,393,000 fr. 26,450,000 fr.
    des cultes 38,813,000 46,852,000
    Ministère des affaires étrangères 10,120,000 10,953,000
    Ministère de l’instruction publique 18,275,000 20,523,000
    Ministère de l’intérieur 133,330,000 186,595,000
    Ministère de l’agriculture et du commerce 14,015,000
    Ministère des travaux publics 69,474,000 82,576,000
    Ministère des finances 20,449,000 21,828,000
    Ministère de la guerre 349,316,000 365,748,000
    Ministère de la marine 109,356,000 133,426,000
    Ministère d’état » 9,863,000
    Ministère de l’Algérie et des colonies » 38,067,000
    Totaux 790,541,000 fr. 942,881,000 fr.


    Et l’année 1847, que nous prenons pour point de comparaison, a été une année exceptionnelle, traversée par la disette, et où par conséquent les dépenses ont été plus fortes qu’à l’ordinaire