qui distinguent ceux-ci, et ces différences étant héréditaires dans des végétaux que l’homme n’a jamais cultivés, il faut bien reconnaître que, sous l’empire des conditions naturelles, l’espèce peut varier et donner naissance à des races.
L’histoire de la zoologie nous présente des faits entièrement semblables à ceux que nous avons rencontrés en botanique. Là aussi, dans les groupes très nombreux en espèces qui diffèrent peu l’un de l’autre, la distinction est parfois difficile. Là aussi des races, des variétés, ont souvent été prises pour des espèces distinctes ; mais là aussi, à mesure que les termes de comparaison se sont multipliés, on a pu établir les séries graduées dont je parlais tout à l’heure, et ramener à leur souche commune tous ces représentans plus ou moins déviés du type primitif. Ce qui s’est passé dans l’étude des coquilles nous servira ici d’exemple. Cette branche de la zoologie est une de celles qui comptent les plus nombreux adeptes. Elle se prêté à l’établissement des collections particulières, et il est peu d’amateurs qui, manquant de termes suffisans de comparaison, ne croient posséder quelque coquille encore inédite et ne la décrivent comme telle. Le nombre des espèces conchyliologiques s’était ainsi multiplié au-delà de toute raison, lorsque M. Valenciennes commença son grand travail de révision. Mettant à profit les richesses que le Muséum accumulait depuis longtemps avec une persévérance et un zèle auxquels on n’a pas toujours rendu justice, il réunit et groupa à côté les unes des autres toutes les coquilles séparées seulement par des nuances insignifiantes. Il forma ainsi un grand nombre de séries semblables à celles dont nous venons de parler, et vit se fondre dans presque toutes une foule de formes décrites comme autant d’espèces distinctes, parfois comme des genres nouveaux., et qui se trouvèrent ainsi reléguées au rang des races ou des variétés.
Il n’est pas de classe parmi les animaux qui ne présentât des exemples analogues, et les mammifères eux-mêmes, celui de tous les groupes peut-être où les caractères spécifiques sont le plus accusés, n’échappent point à cette loi. Là aussi il existe des races sauvages bien caractérisées. C’est un fait sur lequel M. Isidore Geoffroy a insisté dès 1848. Cuvier lui-même l’avait reconnu pour le renard. Du nord de l’Europe jusqu’en Égypte ; il avait trouvé sept ou huit modifications de ce type, se reliant l’une à l’autre de manière à ne pouvoir être séparées, bien que les extrêmes fussent assez différens pour que, considérés isolément, ils laissassent au moins place à de sérieuses incertitudes. Ici la série avait pu être complètement établie. Il n’en était pas encore de même pour le chacal. Entre celui de l’Inde et celui du Sénégal, les différences sont très marquées, et en conséquence Frédéric Cuvier en avait fait deux espèces ; mais depuis cette époque des intermédiaires ont été découverts,