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D’ailleurs des règlemens faits sans avoir des organes pour les exécuter ne pouvaient plus servir qu’à tromper le public.

Il y a eu aussi un projet de règlement sur la douane. Ce projet a été ajourné comme le règlement sur la comptabilité des budgets.

Le gouvernement turc avait promis de consulter la commission sur toutes les mesures de finances que prendrait l’administration turque. Or la commission n’a été consultée ni sur la suppression des defterdars (receveurs-généraux), ni sur les négociations relatives à la banque de Turquie, ni sur la création de l’union financière, ni sur l’assiette et la perception de la contribution imposée à Constantinople, et dont le produit était destiné à achever le retrait du caïmé (papier-monnaie), ni sur les emprunts contractés avec des banquiers de Galata, emprunts usuraires hâtant la crise et restés officiellement inconnus. Voilà, selon les renseignemens qui nous arrivent de Constantinople, l’histoire exacte des travaux de la commission de finances ; voilà ce qu’elle a obtenu de l’administration turque, et il est curieux de rapprocher cette histoire véridique du passage suivant du prospectus de l’emprunt ottoman : « C’est dans le conseil supérieur des finances, et avec le concours des membres européens que nous avons nommés, que se préparent les budgets des recettes et des dépenses de l’empire ottoman. »

« Prenez garde ! me diront les soumissionnaires de l’emprunt ottoman ; vous confondez la commission dont vous venez de parler avec le conseil supérieur dont nous parlons. Ce sont deux corps différens. » Cela est vrai. À la fin du mois de juin 1860, la commission financière fut transformée en conseil supérieur des finances ; de nouveaux membres furent introduits dans ce conseil, deux chrétiens, par exemple : c’est le conseil supérieur dont il est question dans le prospectus de l’emprunt ottoman. Voyons donc l’histoire de ce conseil depuis la fin de juin jusqu’à la fin d’octobre, c’est-à-dire jusqu’à la démission des membres européens. Cette histoire nous expliquera aussi les causes de cette démission.

Substitué à une commission chargée seulement d’étudier l’état des finances de la Turquie et d’en préparer la réforme, le conseil supérieur devait, ce semble, avoir plus d’autorité et plus d’action. Il fut même installé avec une solennité inaccoutumée, en présence de tous les ministres et des principaux fonctionnaires. L’ancien grand-vizir, Méhémet-Ruschdi-Pacha, président de ce conseil, fit un discours plein de la prépondérance que le gouvernement turc voulait accorder au conseil. Ainsi, par exemple, le président recommandait aux ministres de former dans leurs ministères respectifs des commissions chargées de rendre compte au conseil de l’organisation des divers services. Cependant les membres européens du conseil n’ont