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l’intermédiaire entre les éleveurs britanniques et les amateurs français pour les importations des plus belles races d’animaux domestiques. La plupart des taureaux durham, des béliers south-down, des verrats d’Essex et de Leicester, que nous possédons aujourd’hui, ont passé par ses mains. En Angleterre, il est membre du club des fermiers et de la société royale d’agriculture ; en France, il assiste à tous les concours et à toutes les réunions agricoles ; toujours prêt à parler et à écrire dans les deux langues avec une égale verve, un peu trop enthousiaste d’un côté, un peu trop frondeur de l’autre, apôtre et spéculateur à la fois, mais toujours piquant, animé, original, et qui plus est véritablement utile par son infatigable activité. Rien ne le peint mieux que cette immense entreprise d’écrire à lui seul une livraison tous les trois mois. Il en est venu à bout jusqu’à présent, grâce à la richesse du sujet. Quand il ne ferait que traduire ou résumer les principaux mémoires insérés dans les recueils des deux grandes sociétés agricoles d’Angleterre et d’Ecosse, les principaux articles du Farmer’s Magazine et des autres journaux spéciaux, il rendrait déjà un assez grand service. Tout le monde sait quelle est l’immensité des publications anglaises : tout n’y est pas également neuf, et il faut passer sur d’innombrables redites pour arriver à un fait important ; mais quand on prend la peine de suivre avec quelque attention ce perpétuel bouillonnement, on en est bien récompensé par les découvertes qu’on y fait de temps en temps. C’est à cette agitation constante de la publicité que l’Angleterre doit ses progrès dans tous les genres, et il en est de l’agriculture comme des autres grands intérêts, qu’éclaire et stimule sans cesse la multiplicité des informations.

M. de La Tréhonnais a divisé son sujet en plusieurs séries qui se suivent d’une livraison à l’autre. L’une de ces galeries est consacrée aux associations agricoles qu’a fondées l’initiative des particuliers, car on sait qu’il n’existe en Angleterre rien de semblable à une administration de l’agriculture, à des académies agricoles, à des concours nationaux et départementaux institués et rétribués par l’état, etc. Tout s’y fait, à tort ou à raison, par l’impulsion des intérêts privés. Au premier rang de ces associations volontaires figure le fameux club de Smithfield, fondé en 1798. Un grand marché pour les bestiaux se tenait et se tient encore à Londres le jour de Noël : un fermier du Derbyshire eut l’idée de réunir ce jour-là un meeting sous la présidence du duc de Bedford ; le célèbre Arthur Young y assistait, et accepta le titre de secrétaire. Il fut décidé que des primes seraient accordées, aux frais de la société, aux animaux les mieux engraissés, et depuis 1798 ces concours se sont reproduits sans interruption tous les ans. Quiconque parcourt les journaux anglais dans le cours du mois de décembre peut y voir la place qu’occupe le récit de ces joyeuses solennités. L’histoire des prix distribués par le club n’est rien moins que celle des perfectionnemens apportés depuis le commencement du siècle à la production de la viande. Puis est venue la société royale d’agriculture d’Angleterre, qui ne date que de vingt ans, mais dont les concours nomades ont eu en France un grand retentissement, et dont l’admirable organisation nous est maintenant bien connue. M. de La Tréhonnais nous donnera sans doute plus tard l’histoire de la société d’agriculture d’Ecosse, plus ancienne que celle d’Angleterre, et d’autres associations non moins dignes d’attention. Quand même nos