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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 31.djvu/530

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l’empereur d’Autriche et le roi de Naples, et à pousser à la guerre, jouant le tout pour le tout.

Ce fut la pensée de la première concentration d’un corps d’armée dans les Abruzzes, sous le général Pianelli. C’est aussi sous l’influence de cette préoccupation qu’au lieu d’accepter comme un bienfait le licenciement nécessaire des Suisses, on cherchait à rallier les fidèles, et on allait recruter de nouveaux soldats étrangers en Bavière, en Autriche. Chaque mois, des détachemens étaient expédiés de Trieste à Naples. Je ne veux pas dire que les nouveautés qui surgissaient de toutes parts en Italie ne fussent de nature à remplir d’anxiété un prince jeune, religieux, élevé dans le respect des traditions, que le roi de Naples n’eût quelque raison de se préoccuper de l’avenir, et même qu’il n’eût le droit, comme souverain indépendant, de choisir ses alliés ; seulement on aurait pu lui dire, au sujet du rôle qu’il prétendait donner à son royaume en Italie, ce que M. Elliot lui rappelait au sujet de sa politique intérieure : « J’ai représenté au roi, écrivait le ministre anglais à lord John Russell, que des concessions faites aux demandes modérées du pays pourraient lui ramener la tranquillité à l’intérieur et la sympathie de l’étranger, tandis que si sa majesté était résolue à refouler les sentimens dominans par des mesures violentes, elle avait à calculer la force dont elle disposait, à peser mûrement le risque qu’elle courrait avant d’adopter une politique qui, si elle échouait, devait amener des résultats dont il était impossible de prévoir la portée, et pourrait la priver de toute chance de secours ou de sympathie de l’étranger. » Ému quelquefois, mais retombant toujours sous le joug des conseils qui le dominaient, François II ne voyait pas que refuser tout aux plus simples vœux du pays, c’était aggraver d’une déception amère une situation déjà impossible sous Ferdinand II ; que prétendre se renfermer dans une politique d’isolement ennemi, c’était provoquer l’esprit italien à se tourner vers Naples ; que, n’eût-il pas cru à la sincérité du Piémont, il eût été encore habile de le lier, tandis que décliner ses avances c’était lui laisser la liberté de ses allures ; enfin que, perdre du temps lorsque les mois et les jours étaient des années, c’était sans profit et sans gloire dévorer en germe tout un règne.

Il y avait à cette époque à Naples un homme qui aurait pu exercer l’influence la plus favorable, qui fit un instant illusion, et sur lequel on comptait presque pour relever la politique napolitaine à la hauteur d’un rôle nouveau. : c’était le général Carlo Filangieri, prince de Satriano, appelé p u après l’avènement de François II au poste de premier ministre. Par l’éclat de son passé militaire, qui datait de l’empire, par la vivacité intelligente de son caractère et de