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de Hegel. D’un autre côté, je ne saurais résister au désir de montrer le puissant métaphysicien à l’œuvre. Je me bornerai donc à fournir un échantillon de sa dialectique en remontant pour cela jusqu’aux origines de l’idée. Le commencement est, en toutes choses, ce qu’il y a de décisif.

Il s’agit de trouver un point de départ. Ce point de départ sera nécessairement l’idée elle-même, mais l’idée sous sa forme la plus simple et la plus abstraite, puisque ses développement ultérieurs doivent nous la montrer toujours plus concrète et plus complexe. Il faudra donc remonter jusqu’à une notion si élémentaire qu’au-delà il y ait plus rien. Ce n’est pas tout : il faudra, dans cette notion si simple, trouver le germe d’une contradiction, afin que de cette contradiction nous arrivions à une synthèse qui devienne le point de départ d’une nouvelle évolution. Tel est le problème. Voici maintenant comment Hegel l’a résolu. Le commencement c’est l’être, non tel être, mais l’être, non telle ou telle chose comme étant, mais l’être général et indéterminé, la notion de l’être. Cependant par cela seul que l’être est conçu de cette manière abstraite, c’est un être qui n’est pas, c’est le non-être. L’être renferme donc en soi, et comme sa négation, le néant. À son tour cependant la négation est une affirmation, car en niant l’être nous le supposons, et nous avons ainsi un être qui est à la fois et qui n’est pas, c’est-à-dire qui devient. Le devenir est la conciliation des deux termes qui semblaient s’exclure et qui cependant restaient inhérens l’un à l’autre.

Il n’y a que le premier pas qui coûte ; avec le devenir, nous allons sentir le terrain se raffermir sous nos pieds. Le résultat du devenir, c’est l’existence, quelque chose ; mais quelque chose trouve sa négation dans autre chose, et, se repoussant cette autre chose, il se renferme en soi-même, il se rapporte à soi-même, il devient en un mot ce que Hegel appelle l’être pour soi. — Second groupe ternaire, seconde transformation.

Cependant cet être pour soi est nécessairement un, et en même temps, comme un, il est opposé à tous les autres uns. De là une exclusion réciproque, qui a beau être exclusive, elle n’en constitue pas moins un rapport : — un rapport ai-je dit, l’un n’est donc plus négatif ; par conséquent aussi au lieu de l’un nous avons la pluralité, et de la catégorie générale de la qualité, dans laquelle nous nous mouvions jusqu’ici, nous passons à celle de la quantité, pour arriver, par une série d’opérations toujours semblables, à celle de la mesure.

Avec la mesure, nous épuisons la théorie de l’être, à laquelle succède celle de l’essence, puis celle de l’idée. La théorie de l’idée, à son tour, termine la logique, mais la logique n’est elle-même qu’une