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de signaux, ou ce qu’on nomme alphabet, a été accepté dans les conventions internationales ; Tout appareil télégraphique se compose nécessairement de deux mécanismes, l’un destiné à envoyer les signaux, l’autre à les recevoir, à les enregistrer. Le premier se nomme le manipulateur, parce qu’il fonctionne sous la main même de l’employé qui envoie la dépêche ; le second est le récepteur. Le manipulateur Morse est d’une très grande simplicité : c’est une simple poignée sur laquelle se pose la main de l’employé. Quand elle s’y appuie et l’abaisse légèrement, le fil de la ligne est mis en communication avec la pile, et le courant se met en mouvement ; quand la main se relève, le courant est interrompu. Dans le récepteur, on voit se dérouler régulièrement une bande de papier sur laquelle un stylet, mû par le courant, peut s’appuyer plus ou moins longtemps, suivant la volonté de l’employé expéditeur, et trace tantôt une ligne, tantôt simplement un point. Cette succession de traits longs et courts constitue tout l’alphabet Morse, et des combinaisons assez simples de ces signes permettent de représenter toutes les lettres de l’alphabet. Il faut un œil bien exercé pour lire une dépêche sur la longue bande où ces traits se succèdent dans un désordre apparent. Le récepteur, on le voit, est un appareil tout mécanique, tandis que le manipulateur reste dans la main de l’homme, et par conséquent est soumis d’une part aux mouvemens de la pensée qui doit le conduire, et en second lieu à l’habileté variable de cette main, plus ou moins apte à imprimer à la poignée qu’elle tient une agitation méthodique et sans trêve. Examinons quels résultats produit ce système. Suivant M. Marqfoy, l’employé d’habileté moyenne transmet à peu près six mots, soit 90 signaux par minute, dans les transmissions continues, tandis que les récepteurs bien construits peuvent recevoir aux plus grandes distances de France de 525 à 600 signaux, soit, à raison de 15 signaux par mot, trente-cinq ou quarante mots par minute. Les meilleurs employés transmettent seulement huit mots par minute, ou 26 signaux par seconde. Les chiffres indiqués par M. Marqfoy diffèrent beaucoup de ceux que donne M. Lemoyne dans les Annales télégraphiques. Suivant ce dernier, l’employé transmet en moyenne douze mots par minute, les agens exercés dix-huit mots. La perfection du récepteur serait, d’après ces chiffres, neutralisée pour les cinq sixièmes par l’insuffisance du manipulateur.

Quel est le travail moyen d’un appareil Morse dans les conditions actuelles du service ? M. Marqfoy estime qu’à Paris chaque appareil transmet en moyenne 26,5 dépêches (de vingt mots) par jour, ou bien que chaque fil sert à transmettre 53 dépêches par jour. Sur les lignes principales, sur les fils de Lyon, de Londres et du Havre, un appareil sert à transmettre, suivant M. Marqfoy, un nombre de dépêches double, soit 100 par fil et par jour. Cette limite n’est atteinte