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partout : ses facteurs passent devant les hameaux, les fermes les plus écartées, s’arrêtent aux châteaux, aux maisons de campagne. Les voitures qui transportent ses sacs circulent régulièrement chaque jour sur toutes les routes de notre territoire. C’est une grave erreur de penser qu’une dépêche télégraphique soit chose trop pressée pour qu’on ne puisse pas la faire voyager d’abord quelques heures comme lettre, avant qu’elle n’arrive à la station télégraphique chargée de l’expédier, et peut-être encore de la station télégraphique qui la reçoit à l’endroit où demeure le destinataire. En fait de vitesse comme en toute chose, on se règle sur ce qui est possible. Pour les voyageurs, cliens naturels de l’administration télégraphique, voyageurs d’affaires ou de plaisir, quel avantage n’a pas la fusion des télégraphes et des postes ! Elle leur épargne une double course dans les villes où ils viennent d’arriver, et leur permet de se faire suivre de ville en ville par les dépêches aussi bien que par les lettres.

En Belgique, les chemins de fer, qui appartenaient d’abord presque tous à l’état, formaient avec les postes, lors de l’ouverture des ligues télégraphiques, une seule direction, qui comprit bientôt dans son ressort l’administration du télégraphe. Dans le règlement général de l’union télégraphique allemande, il est dit qu’on peut adresser des dépêches à tous les endroits où l’état actuel du réseau permet de les faire parvenir. Lorsqu’il ne se trouve au lieu de destination aucune station télégraphique, l’envoi de la dépêche, après qu’elle est sortie du réseau, peut se faire par la poste, par des estafettes ou des exprès. On peut encore utiliser à cet effet les télégraphes affectés au service spécial de l’exploitation des chemins de fer. Il y a naturellement un excédant à payer, lorsqu’on emploie l’un ou l’autre de ces moyens supplémentaires. La dépêche simple, tant qu’elle ne circule que sur le réseau télégraphique ordinaire, est taxée par zones. Quand elle doit de plus suivre la poste, elle est chargée de 8 silbergros en Prusse, de 40 kreutzers en Autriche. Par exprès, pour une distance qui ne dépasse pas 2 milles, on paie 24 silbergros de Prusse, ou 1 florin 20 kreutzers autrichiens ; par les télégraphes spéciaux des chemins de fer, on paie en plus, sans égard au nombre de mots ni à la distance, 18 silbergros (90 kreutzers). Quand l’exprès doit être envoyé à une distance qui dépasse 2 milles, l’expéditeur est tenu de faire un dépôt de 24 silbergros par mille. Le stationnaire qui reçoit la dépêche paie l’estafette suivant les circonstances, et la différence est remboursée à l’expéditeur. Ces dispositions ont été aussi adoptées en France. Les dépêches adressées en dehors des localités où existent des bureaux télégraphiques peuvent être mises à la poste ou portées par estafette. Les frais de poste sont de 40 centimes pour affranchissement, comme lettre recommandée,