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naissance. Or, chez les végétaux comme chez les animaux, qu’il s’agisse de métis ou d’hybrides, il arrive parfois que les caractères changent avec l’âge, et que la ressemblance du produit passe pour ainsi dire d’un parent à l’autre. Girou a vu des veaux issus d’un taureau noir et d’une vache rousse présenter souvent la couleur de la mère pendant leur jeune âge et revêtir plus tard celle du père. Parfois la nature mixte d’un hybride ne se révèle que dans ses propres enfans. Girou de Buzareingnes a donné l’histoire d’une famille de chiens, d’où il résulte qu’un métis d’épagneul et de braque ressemblant lui-même à un braque pur, et uni à une chienne braque de race pure, a donné naissance à de véritables épagneuls, ne manifestant ainsi le croisement d’où il était sorti que dans sa descendance.

Toutefois M. Isidore Geoffroy amis hors de doute que les hybrides sont généralement plus constans et se rapprochent d’ordinaire bien plus de la moyenne que les métis de races, et surtout les métis de variétés. C’est parmi ces derniers que l’on constate le plus de cas de ressemblance unilatérale, ou paraissant telle, et que les frères diffèrent le plus entre eux. M. Geoffroy a vu le croisement du daim noir et du daim blanc produire des métis alternativement blancs, noirs, gris, ou tachés de noir et de blanc. En revanche, les métis de races anciennement fixées se rapprochent des hybrides sous ce double rapport. La stabilité ou l’instabilité des caractères paternels et maternels se révèle ainsi dans les descendans. Les faits de cette nature, observés entre groupes humains, peuvent donc jeter quelque lumière sur la question générale qui nous occupe, et sur quelques-unes des questions secondaires qui s’y rattachent.

La ressemblance du fils avec le père et la mère de races ou d’espèces différentes peut résulter de deux causes bien distinctes. Les caractères propres à chacun des parens peuvent se juxtaposer sans être sensiblement altérés, ou bien ils peuvent se fondre pour ainsi dire les uns dans les autres de manière à donner au produit des caractères intermédiaires. Y a-t-il là un moyen de distinguer le métis de l’hybride ? Un certain nombre d’auteurs l’ont pensé et ont regardé la juxtaposition comme étant la conséquence du croisement de deux races, tandis que la fusion indiquerait le croisement de deux espèces. L’ensemble des faits nous paraît peu propre à confirmer cette règle générale. Qu’il s’agisse d’un métissage ou d’une hybridation chez les végétaux ou chez les animaux, la même espèce fournit souvent des faits manifestement contradictoires. La plupart des races végétales qui donnent dans nos parterres des fleurs unicolores, mais de couleurs différentes, étant croisées entre elles, engendrent des fleurs qui tantôt reproduisent la teinte d’un des parens, tantôt présentent la teinte qui résulterait du mélange sur une palette des deux couleurs primitives, tantôt enfin sont panachées