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relation d’affaires avec l’Égypte[1]. Cette petite machine sépare admirablement la semence de la fibre, fortement adhérentes l’une-à l’autre, sans en altérer la soie. C’est ce qui a été inventé de plus parfait jusqu’à ce jour pour le coton longue-soie, et depuis l’apparition de cet instrument, le saw-gin (machine-scie), qui fait trois fois plus de travail, mais coupe la fibre, a été laissé aux plantations ou aux états qui ne produisent que le coton courte-soie.

Plusieurs compagnies commerciales sont en voie de formation ; l’une d’elles, la moindre, au capital de 100,000 livres sterling, sous le nom de Australian cotton comp. et sous la surveillance provisoire d’un homme d’expérience, M. S. Sleigh ; se propose d’introduire la culture du coton dans la partie occidentale de l’Australie, sur les bords des rivières Hunter, Macquarie, Macleiry et autres cours d’eau, dont les bords, riches en alluvions, peuvent être facilement irrigués et donner d’abondans produits. Des échantillons de coton cultivé dans cette florissante colonie sont arrivés à Liverpool, et le rapport qu’en ont fait les courtiers et la chambre de commerce de Manchester, quoiqu’un peu exagéré, le classe parmi les meilleurs similaires du mako et georgie longue-soie. Enfin un grand nombre de lettres ont paru dans le Times, suggérant, comme d’ordinaire, leur contingent d’idées plus ou moins pratiques ou erronées sur la matière, et maintenant que la faim a fait sortir le loup du bois, on peut être sûr qu’il n’y rentrera qu’après avoir assouvi son appétit.

L’émulation et la persévérance sont les traits caractéristiques de la nation anglaise. Rien ne lui coûte, ni efforts, ni sacrifices de tout genre, pour réparer le mal qu’on aurait pu prévenir, quand ce mal est une plaie nationale qui affecte ses intérêts ou sa dignité. Où toute autre nation succomberait, elle est sûre de réussir. L’or, ce grand nerf, abonde en Angleterre ; l’or, on n’en peut toujours dire autant des hommes, n’y fait jamais défaut. On sait cependant que les classes les plus élevées dans la hiérarchie sociale du royaume-uni ne dédaignent pas de prendre part à ce qu’on appelle le mouvement chaque fois qu’une agitation a lieu en faveur de quelque grand objet, comme dans les circonstances actuelles. Aussi l’aristocratie a-t-elle conservé dans ce pays une place que n’eussent point suffi à lui assurer ces oripeaux des temps passés qui se disputent ailleurs, sous une vaine poussière patricienne, le droit d’insouciance et de paresse. Un grand meeting a eu lieu le 11 janvier 1861 à Birmingham sous la présidence de lord Alfred Spencer Churchill, un des intelligens organes de cette noblesse qui ne croit pas déroger en

  1. Ce roller-gin de Mac’Arthy commence aussi à être apprécié en Égypte sous le nom « abusif » de Dunlop’s patent cotton gin, celui-ci n’étant que le copiste non autorisé de l’inventeur.