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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars 1861.

L’on n’attend point de nous que nous analysions les discussions de l’adresse au sénat et au corps législatif. Il est des débats parlementaires après lesquels il peut être utile de faire la classification et la révision des argumens qui ont été produits des deux côtés de la question : nous parlons des débats qui aboutissent à des conclusions pratiques, de ceux où le conflit des opinions enfante des actes. Les controverses auxquelles donnent lieu les projets d’adresse ne sont point de cette nature : elles n’ont qu’un objet rétrospectif ; elles ne portent que sur des actes politiques accomplis, et auxquels nulle puissance divine ou humaine ne saurait plus rien changer. Les faits accomplis étant gros de conséquences dont on n’est plus maître, il ne sort de ces controverses rien d’utile et d’efficace pour l’avenir, car il n’est plus au pouvoir des orateurs de modifier l’état de choses qui s’est antérieurement formé, et avec lequel il faut maintenant compter. Aussi de quoi ces discussions sont-elles nécessairement et exclusivement remplies ? D’exposés de principes généraux et d’appréciations de la conduite passée du gouvernement. Les exposés de principes mènent facilement à l’abstraction et à la déclamation ; les jugemens rétrospectifs tournent vite en louanges redondantes et ridicules, et en récriminations amères et stériles. Le débat de l’adresse au sénat n’a-t-il point confirmé cette opinion, que nous avons exprimée à plusieurs reprises depuis le décret du 24 novembre ?

Tout le monde a remarqué la confusion qui a régné dans la discussion du sénat. Le débat n’a pas été dirigé dans le sens que l’on attache à ce mot partout où l’on aime que le régime parlementaire soit fécond en résultats pratiques. Il serait injuste d’attribuer au président de cette assemblée l’incertitude et le décousu d’une discussion à laquelle, malgré le bon vouloir de M. de Boissy, nous n’avons pu assister que moralement. Ce n’est pas des présidens des parlemens que dépend surtout la bonne direction des discussions. Pour qu’un débat parlementaire soit bien dirigé, il faut deux choses :