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une collection d’échantillons de bois, avec l’indication des prix auxquels ils pourraient être livrés dans cette ville. Il a joint à cet envoi une lettre qui renferme de nombreux détails sur le commerce du Canada et sur l’avenir de cette contrée[1]. Cette collection et les pièces à l’appui ont été mises à la disposition du public, au ministère du commerce.

Nous ne dirons rien des autres contrées, bien qu’il y en ait parmi elles qui dans l’avenir pourront offrir des ressources importantes : le peu de sécurité qu’on y rencontre, le défaut de routes, l’insalubrité du climat, y rendent jusqu’à présent l’exploitation des forêts fort difficile et le commerce des bois peu avantageux. Telle est la situation de l’Australie, de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud, de la plus grande partie de l’Asie et de l’Afrique tout entière. On ne tire guère aujourd’hui de ces pays que des bois précieux, qui en raison de leur prix élevé peuvent supporter des frais d’extraction et de transport plus considérables que les bois communs, les seuls dont nous ayons cru devoir nous occuper ici.

Les produits forestiers ne sont soumis à l’entrée en France qu’à des droits de douane très modérés ; mais jusqu’en 1860 la plupart d’entre eux étaient prohibés à la sortie. Aujourd’hui les bois de toute espèce, comme les écorces à tan, peuvent sortir librement. C’est ainsi que les forêts, affranchies du régime d’exception auquel si longtemps elles ont été soumises, rentrent peu à pieu dans le droit commun qui régit les autres propriétés. On a déjà fait beaucoup en réduisant le nombre des cas ou le défrichement doit être prohibé, en établissant la liberté du commerce des bois à l’intérieur et à l’extérieur, en supprimant le droit de martelage de la marine ; mais il reste à dégrever la propriété forestière des charges exceptionnelles qui lui sont encore imposées. Espérons que cette réforme aura son tour, et que les nombreuses industries qui vivent des forêts y trouveront une source de prospérité nouvelle.


J. CLAVE.

  1. « La rivière d’Ottawa, dit M. Gauldrée-Boilleau, sur les bords de laquelle est situé Bytown, la future capitale du Canada, est un des centres les plus considérables d’exploitation forestière. Un meeting vient d’y avoir lieu ; on y a discuté une série de questions sur le commerce des bois ; on a rejeté l’idée d’un droit d’exportation, invité les autorités locales à s’immiscer aussi peu que possible dans le commerce des bois, et à borner leur action d’une part à veiller à la conservation des forêts, de l’autre à améliorer les voies de navigation, notamment le cours de l’Ottawa, qu’il serait facile de relier au lac Huron par la Rivière-Française (French River), le lac Nipissing et la rivière Mattawan… Les plans auxquels cette idée se rattache ne sont du reste pas nouveaux ; ils sont vastes et ne tendraient à rien moins qu’à déplacer, au profit du Canada, le mouvement commercial qui s’opère entre l’ouest des États-Unis et l’Europe, par l’intermédiaire de New-York et de Boston. » — Lettre du 9 janvier 1860.