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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 33.djvu/749

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morceaux de sa composition, dont un quatuor pour instrumens à cordes, qui n’est pas sans mérite. Un autre membre de l’orchestre du Théâtre-Italien, M. Borelli, est un jeune homme tout plein d’ardeur, qui, dans une symphonie qu’il est parvenu à faire exécuter hâtivement par des hommes de bonne volonté, a trouvé le moyen de montrer qu’il a des idées mélodiques et un talent facile qui ne demande qu’à s’exercer.

En rendant compte l’année dernière de Pierre de Médicis, grand opéra en quatre actes de M. le prince Poniatowski, nous osions, en terminant, former le vœu de voir ce noble dilettante consacrer son influence à protéger les jeunes compositeurs français qui ont tant de peine à se frayer un chemin. Nous n’avons certes pas la prétention de croire que nos paroles aient été entendues de M. le prince Poniatowski, mais nous aimons à constater que, depuis le discours qu’il a prononcé au sénat dans la séance du 4 mars, M. le prince Poniatowski semble avoir pris à cœur de remplir la mission honorable d’être auprès du pouvoir l’interprète des vœux des artistes musiciens. C’est lui encore qui a provoqué la fondation du Cercle de l’Union artistique. Le but de cette société, composée de cinq cents membres, je crois, est d’ouvrir les portes de ses salons aux artistes de talent qui désirent se faire connaître. L’Union artistique a, pour ainsi dire, inauguré son existence par un grand concert qu’elle a donné au Théâtre-Italien le 14 mai. Le programme, un peu trop chargé, contenait l’ouverture de Mendelssohn, la Mer calme, qui a été exécutée par l’orchestre de la Société des Concerts ; puis on a dit le Benedictus de la messe en de Beethoven, interminable morceau qui prouve une fois de plus que ce grand génie, dépourvu du vrai sentiment religieux, n’entendait rien à l’art d’écrire pour les voix humaines, dont il exige des efforts impossibles. Le concerto pour piano et orchestre en ré mineur de Bach, un chef-d’œuvre, a été fort bien rendu par le beau talent de Mme Massart. L’andante de la symphonie en la de Beethoven, qui n’a pas produit dans la salle du Théâtre-Italien son effet ordinaire, un Ave verum inédit de M. Gounod, qui manque d’accent et de caractère, ont précédé une sorte de composition hybride de M. Félicien David, intitulée le Jugement dernier. Si M. Félicien David n’avait pas un véritable talent, il y a longtemps qu’il serait enseveli sous les éloges extravagans et les mauvais conseils de ses ridicules adorateurs. D’un musicien élégiaque plein de grâce, qui ne possède ni un grand nombre d’idées, ni la puissance d’en varier l’aspect, on a voulu faire un homme de génie ; de l’auteur charmant et bien doué du Désert, de Christophe Colomb, de la Perle du Brésil et d’Herculanum, — quatre éditions fort peu augmentées du même poème, — des écrivains sans consistance et sans crédit sur l’opinion publique ont essayé de faire le révélateur d’un monde nouveau : Il est fort heureux pour M. Félicien David que le Jugement dernier, qui devait couronner son opéra d’Herculanum, en ait été écarté par une main intelligente. Le concert s’est terminé par un opéra de salon, Fingal, paroles de M. Flobert, musique de M. Membrée, qui est un artiste sérieux et de talent, mais